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Young
Widows On rentre dans cet album comme dans du beurre et pourtant, c'est pas le genre de truc que tu tartines à tous tes convives. Mais voilà, vingt ans de pratique de tout ce que cette putain de terre a pu engendrer de groupes noise-rock facilitent la dégustation. Young Widows résume tout ce qui fait la force du genre et mieux encore, le sublime. C'est tout ce qui fait la différence entre une honnête copie et un disque qui comptera. Le trio de Louisville a ce petit plus qui fait que cet album, on le passe en boucles et on y reviendra inlassablement. La rythmique martelante, omniprésente, avec de nombreux passages basse-batterie uniquement avec du chant, la guitare arrivant qu'à bon escient pour la touche mélodique ou encore mieux cisailler au niveau des genoux. Des toms basses martyrisés, gondolés comme le rideau de fer d'une vieille boutique. Une rythmique aussi souple que véloce, aussi assourdissante que menaçante dans ses ralentissements. C'est pas tous les jours qu'on tombe sur une aussi belle paire. Un nouvel album qui simplifie le propos de Young Widows sans l'édulcorer, Settle down city apparaissant sous ce nouveau jour plus complexe. Old Wounds et sa pochette en trois volets perd en malsain et en vice mais gagne en efficacité et celle-ci est redoutable. Impossible de détacher un titre plus qu'un autre, accro aussitôt, ils donnent tous envie de lever le poing au ciel et encore mieux : les reprendre en choeur, ce qui est une gageure pour un groupe noise-rock. Mais voilà que chez Young Widows, on a décidé de chanter, avec conviction certes, mais audiblement et à plusieurs et c'est le petit plus qui fait toute la différence. A tel point que, si on évoque souvent les groupes noise de Chicago comme affiliation principale, Young Widows me fait surtout penser à plusieurs reprises aux fantastiques Ten Grand. Kurt Ballou (Converge) a effectué un travail remarquable, rendant le son du groupe plus tranchant et précis avec également un gros travail de mixage suite à une volonté de Young Widows d'emmener Kurt Ballou sur une de leur tournée. Enregistrements live tous azimuts, que ce soit devant une foule (dont on retrouve l'écho à plusieurs reprises), dans leur studio de répète ou dans le studio de Ballou. Nuits blanches en perspective, réveil avec une gueule de potards, on secoue bien et on mélange tout. Morceaux live, morceaux studio voir les deux au sein d'un même titre. Et comme dit notre cher président, le travail paye. Young Widows, c'est du solide, n'est pas là pour développer des harmonies et faire le beau. Faut qu'ça saigne, faut qu'ça cogne, comme sur une bonne pièce de bidoche pour qu'elle devienne suffisamment tendre et juste ce qu'il faut d'huile, que ça roule tout seul et rendre ça présentable. C'est reparti pour vingt ans. SKX (01/10/2008) |