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Picastro Whore Luck - CD Polyvinyl 2007 Les premières notes de l'album pourraient laisser croire que l'on soit tombé en plein terrain post-folk. L'acoustique de la guitare, le violoncelle rêveur, l'ensemble peinard du rythme. L'ambiance post-soixante huitarde de ce Hortur ne donne pas envie de traîner très longtemps en compagnie de Picastro. Mais on sent rapidement que le terrain est miné. Le troisième album des canadiens de Picastro brasse en eaux troubles. L'orchestration hétéroclite débouche sur des ambiances qui, si elles sont marquées par le spectre continuel de la mélancolie, sont tout aussi variées, passant sans sourciller de la limpidité blafarde d'une ballade au piano à des morceaux dissonants et sournoisement expérimentaux. Liz Hysen, maîtresse de cérémonie, est au four et au moulin, virevolte entre ukulélé, flûte irlandaise, vieille orgue de saloon tout en dispensant son chant à l'accent monotone mais aérien. Derrière, le noyau central du groupe (Nick Storring au violoncelle et Cello Brandon à la batterie) n'oublie pas de mettre du rythme dans ce qui pourrait ressembler sinon à un désert trop glacial et s'entoure d'une ribambelle d'invités. Le plus connu est James Stewart. Mr Xiu Xiu apporte ses casseroles électroniques et un peu de sa voix pour une reprise épurée et déviante de Older Lover, morceau qui figurait sur le 10'' Slates de The Fall en 1981. Autre reprise, celle de If You Have Ghosts par Rocky Erickson, Mr 13th Floor Elevator mais là c'est issu de sa période solo avec The Aliens, en 1981 également, tout se tient. Whore Luck est un album de folk grinçant, naviguant à vue entre tradition et compos atypiques. Picastro trimballe son spleen coutumier en tentant de brouiller les pistes. Ça peut paraître autant beau que obscur avec de parfaites compos aux mélodies évidentes comme Car Sleep et des moments plus impressionnistes et dispensables. Ça reste quand même un album hautement introspectif, avec quelquechose de rustre et directe dans l'approche qui fini par vous charmer. SKX (26/01/2008) |