Mattress
Heavy Duty - CD
Reluctant 2008

Mattress a tout de l'extra-terrestre. Un type bien à part qui n'est certes pas le premier à se produire tout seul avec ses machines mais dont l'univers particulier a le don d'interpeller. Notre bonhomme répondant au nom de Rex Marshall nous vient de Portland et répand de funestes sons électroniques dans d'anarchiques mélodies vocales. Pollution, le titre d'ouverture, est un intriguant mélange de Xiu Xiu et Joy Division. De part sa voix caverneuse ressortant le cadavre de Ian Curtis et de part la mélodie noire rappelant furieusement un morceau de la division de la joie. Et comme Pollution rime avec Transmission ou Isolation, l'amalgame est permis. Sauf que le morceau comme le reste de l'album est trop foutraque et sent suffisamment le second degré pour que l'on ait pas affaire à un nouveau corbeau noir. Il faut plutôt chercher du coté du monde loufoque et décalé de Mr. Quintron. Des synthés bon marchés, un bon vieux magnéto à cassettes pour lancer des samples, une boite à rythme qui semble avoir fait la guerre, des effets spéciaux sonores digne des plus grands nanars et de temps à autre une guitare qui ne doit pas comporter plus de deux cordes. Le traitement musical est rude, parfait pour créer une ambiance new-waveuse minimaliste et faussement tragique. Mais une musique qui aurait bien du mal à survivre sans les parties vocales à faire criser un jury de Starac. Rex Marshall ne chante pas juste et il s'en tape, se prenant tout à tour pour un chanteur d'opéra façon Jamie Stewart, Tex Avery, un crooner gominé, descendant dans les graves comme on creuse sa tombe, mettant des effets débiles dans ses cordes vocales qui ne vont pas bien du tout. Un bout de musique qui ne brille pas par son génie mais passablement détraqué et plaisant pour dépasser le stade de l'anecdote.

SKX (25/07/2008)