|
Marnie
Stern
In Advance of the Broken Arm - CD
Kill Rock Stars 2007
Les blagues
foireuses et machistes sur les blondes vont en prendre un sacré
coup. Parce que Marnie Stern est blonde, du genre mignonne et qu'elle
tâte de la guitare plutôt vachement bien. Tout en tapping,
cette technique que l'on pensait réserver aux seuls mâles
désireux d'épater la galerie (blonde de préférence
la galerie). Les deux mains sur le manche de la guitare à balader
et taper le bout de ses dix doigts sur les six cordes. En plus, elle fait
tout. Elle joue également du synthé, chante, compose et
produit l'intégralité de son premier album. Ou presque tout.
Zach Hill, le batteur de Hella (autre groupe où le guitariste est
adepte du tapping) fait ce qu'il sait faire de mieux, jouer de la batterie
(faut suivre un peu !) et un certain John-Reed Thompson l'a aidé
pour des plans basse et pour l'enregistrement.
Donc tout ça m'a bien l'air d'un album solo d'une new-yorkaise
qui n'a pas froid aux yeux. Et avec cette technique de guitare et Zach
Hill dans les rangs, la comparaison va pas tarder à débouler.
Certes, ça ressemble à du Hella, mais Marnie Stern propose
une lecture différente. Déjà, ce n'est pas un disque
instrumental puisqu'elle chante et plutôt pas mal. D'une voix bien
claire, audible, un rien enfantine, un peu comme la chanteuse de Deerhoof,
les japonaiseries en moins. Tiens, Deerhoof, autre point d'encrage au
monde bruyant mais ludique de Marnie Stern. Car sa musique n'est pas une
affaire de gros bras et de démonstration technique stérile.
Autre point différent de Hella, c'est Zach Hill lui-même
! Marnie Stern doit avoir un pouvoir de persuasion énorme pour
empêcher Hill d'en foutre partout comme à son habitude, pour
tempérer ses ardeurs et le faire rentrer dans le rang. Sa tachycardie
le reprend certes de temps en temps mais pour le reste, l'homme-pieuvre
est amadoué. C'est pas plus mal.
Résumons-nous. Marnie Stern fait donc une musique complexe mais
pas trop, enthousiaste mais pas niaise, transformant sa technique au-dessus
de la moyenne dans des morceaux que l'on pourrait presque qualifié
de pop-songs. Elle rajoute quelques bidouillages maisons et autres effets
de studio et tout ça débouche sur un album plaisant mais
trop long. Car ce disque a les défauts de ses qualités comme
on dit au comptoir. Trop de tapping tue le tapping (même si elle
ne fait pas que ça hein) et sa voix peut devenir agaçante
sur la longueur. Longueur d'un album préjudiciable (comme souvent
avec les premières oeuvres), la fraîcheur et l'effet de surprise
se diluant doucement mais sûrement dans les méandres de ses
compostions à tiroirs. Mais la demoiselle qui aurait pu faire doublure
dans Abba est désormais bien là, posant un premier pied
dans un paysage musical qui surveillera ses prochains enregistrements.
SKX (29/01/2008)
|
|