Kiruna
Penundaan - LP
Bigoût records 2008

Avec Kiruna, jeune groupe lyonnais, c'est de l'histoire somme toute très classique : on les voit une première fois en concert, on les revoit une seconde et petit à petit le désintéressement pour ce qui ne semblait être qu'un groupe de première partie de plus laisse la place aux oreilles qui pointent en l'air, à la tête qui balance et au cou qui se tend. Kiruna grandit, se cherche, se met doucement en place, essaie, abandonne et recommence. Ce premier LP une face est donc à prendre comme une étape supplémentaire pour un groupe en pleine évolution et en pleine maturation.
Celle-ci est déjà pas trop mal avancée si l'on en croit ce Penundaan (je ne sais pas ce que cela signifie mais par contre je peux vous dire que Kiruna est un bled en Laponie infesté de mines de fer et que ce n'est pas le Père Noël qui les exploite). Un joli vinyl autoproduit ou presque -Bigoût records est la multinationale du batteur- et à la présentation sobre mais soignée avec insert proposant les textes dont la charge émotionnelle pour ne pas dire poétique n'échappera à personne. Question production Penundaan met aussi le paquet avec un enregistrement signé Spade & Archer (le duo électro indus de Franck Laurino, ex Bästard et actuel Zëro) et une masterisation assurée par Yvan Chiossone (Narcophony, Zëro…). Du bon boulot pour un son clair, très lisible et tranchant, chargé de petites explosions froides qui crépitent fugitivement.
Le hard core/noise de Kiruna rappelle par certains moments les aspirations les plus torturées de Prohibition (la basse qui claque), emprunte légèrement au Condense ultime (celui de Placebo) et développe un spleen profond qui n'appartient qu'au groupe. Ce foutu spleen c'est ce truc collant qui en général gâche à peu près tout chez 90 % des groupes de post hard core machin truc et Kiruna évite avec majesté l'écueil de l'auto apitoiement et de l'exposition complaisante de sa tripaille existentialiste.
On finit même par s'habituer au chant (qui au premier abord ne fait pas très en place, tombe à côté de la plaque et paraît maladroit) car il possède ce petit caractère étrange qui pointe son nez derrière les étranglements et vociférations d'usage. Comme le reste, ce chant a mi chemin entre l'oralité fébrile et cri de dégoût est porteur de promesses pour l'avenir musical du groupe. Vraiment un premier essai encourageant et prometteur.

Haz (20/12/2008)