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Ken
Mode La grosse
chaleur du moment ne vient pas du ciel mais d'un petit coin perdu en plein
milieu du Canada, à Winnipeg. Ken Mode vient tout juste de sortir
son troisième album et ça vous réchauffe les sens
plus sûrement qu'une bonne canicule. Mennonite, un drôle
de nom pour un album, il faudra leur demander le pourquoi du comment,
si il faut y voir un quelconque hommage à ce mouvement religieux
très présent au Canada mais si c'est pour vous faire croire
que les traditions ont du bon et que dans les vieilles casseroles historiques,
on peut encore tirer des plats alléchants, je veux bien céder
du terrain sur mes croyances personnelles. Le trio cite parmi ses influences
Dazzling Killmen, Unsane, Today is the Day, Jesus Lizard, Drive Like Jehu.
Mr L'Ambassadeur a très bon goût et surtout le très
grand tact de ressortir tout ça sur un plateau doré où
rien ne dépasse plus haut que l'autre, rien d'un plagiat mais une
assimilation parfaite qui fait que Ken Mode fait du Ken Mode. On aurait
pu rajouter Botch et Playing Enemy, mais non vraiment, Ken Mode est unique
tout en étant universel. Ça me sidère toujours de
trouver un groupe qui arrive encore à dénicher des riffs
éclaircissants une forêt copieuse et abrutissante. De trouver
un canevas de structures qui vous fait replonger encore et toujours. Ken
Mode, après deux albums de chauffe déjà très
bons (Reprisal en 2006 et Mongrel en 2003), vient d'être
touché par la grâce. Des morceaux percutants, qui ne s'étalent
pas dans la durée. Une idée, un morceau. Un riff de guitare
juteux ou une ligne de basse dantesque (The Romanticist par exemple)
et Ken Mode vous taille une compo qui colle à la peau. Avec du
jus, de la hargne, son lot d'émotions. On peut venir du Canada
et ne pas jouer les gros bûcherons. Ils peuvent même carrément
surprendre leur monde en plaçant un passage acoustique en pleine
débauche électrique sans que cela sonne incongru ou surfait.
Et comme ce disque ne peut que ce terminer de façon grandiose,
The Goat, neuf minutes homériques, oppressantes, son fameux
passage acoustique en plein milieu du chant de ruine avant le coup de
poing final. Entre les deux yeux et foudroyant. Mennonite aigue. SKX (3/08/2008) |