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Grey
Daturas L'image est trompeuse. Les photos sur leur site montrent des gens à l'allure tout à fait banale sous le soleil de leur Australie natale. Des têtes d'étudiants en chimie, bien propres sur eux, chemises impeccables, prêtes à repartir passer le week-end chez leurs parents. L'imagerie de la pochette et la musique sont à l'opposé. Le soir venu, les trois de Melbourne se transforment en laborantins en proie au Malin et explorent la face cachée de la musique. Lettrage médiéval, brouillard épais sur campagne incertaine et Neurot records derrière tout ça. Ca sent la musique instrumentale poisseuse où tout va être histoire d'ambiance et de climat à couper au couteau. Du morceau d'ouverture tout en batterie sauvage aux limbes enfumés d'un psychédélisme rampant du final Neuralgia, Grey Daturas nous aura fait visiter tous les stades de la musique instrumentale. Le frottis compulsif de Return to disruption, bruitisme maison pour faire peur (un peu). Les longs sifflements/larsens/stridences, appelez ça comme vous voulez, du moment que cela soit désagréable à l'ouïe de Balance of convenience. La lente, la répétitive, la maîtrisée montée de Answered in the negative. Le bordel de Undisturbed qui porte bien mal son nom faisant revenir à la surface les pires souvenirs de cours de musique de 5ème (dire qu'on faisait de la musique concrète et on ne le savait même pas) avant de retomber sur dix minutes de transe noise au psychédélisme toujours latent avec trois minutes d'un drone final de trop. Mis bout à bout, toutes ces ambiances sont cohérentes, nos trois Australiens arrivant à garder le cap et nous mener dans leur monde intérieur sans avoir à nous pousser au cul. Ce troisième album ne nous épargne pas quelques bâillements mais ça tient la route et en haleine. Et je m'y connais en haleine. SKX (20/07/2008) |