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Glu
Aucun But - CD
Rekin records 2008
Il n'y a
pas très longtemps, au cours de l'un de ces innombrables barbecues
d'été qui font la fierté d'une nation oisive et l'honneur
de la race bovine, je décidais de pimenter légèrement
la soirée avec une petite pointe culturelle : et si nous écoutions
un peu de musique les gars ? La musique -au même titre que le football
et la politique- est inévitablement l'élément perturbateur
numéro un de la convivialité amicale ou d'un moment de détente
pacifique (et je t'emmerde). J'aurais du m'en souvenir.
A un pauvre rigolo un peu plus cultivé que les autres qui me demandait
à l'écoute de ce chef d'uvre de noirceur et de désespérance
qu'est l'album Aucun But si les Garçons Bouchers s'étaient
reformés, je n'ai pu que répondre -avec la légèreté
et la subtilité qui me caractérisent toujours dans ces moments
là- que, non, en fait je n'ai rien répondu du tout, je suis
lâche, veule, hypocrite et j'avais la bouche pleine d'un t-bone
taille XXL.
Passé ce moment d'étourdissement et de perte de contrôle,
je peux maintenant affirmer que Glu, tout en parlant parfois de bière
comme le groupe précédemment cité, tient tout son
art dans la description minutieuse (physique et mentale) du vomissement
-c'est-à-dire la douleur, la souffrance non pas du rejet mais de
son inefficience. Aucun second degré dans les textes -quoi que
pour ne jamais revenir/rester dans la forêt/planté comme
un poirier/et sentir le fumier on peut se le demander- pas plus qu'il
n'y a d'apitoiement : Aucun But c'est de la purge pure et simple,
de la vidange des intestins, ce moment libérateur très court
pendant lequel on se dit que ça va mieux aller après sauf
que pas du tout, c'est toujours pareil, il va falloir recommencer, plus
fort, plus violemment encore. Le bonheur, le vrai, le seul et l'unique
c'est vomir. Ce disque n'est en rien déprimant, il se contente
(et c'est déjà beaucoup) de faire naître un sentiment
d'inutilité, de frustration et de vacuité permanent, il
a également ce côté purge pour celui qui l'écoute.
Et finalement on finit par en rire également.
Et la musique ? Il n'aura échappé à personne qu'il
n'y a pas de basse et de batterie dans Glu, uniquement deux guitaristes
-l'un qui mouline et l'autre qui tourbille- qui s'amusent à envoyer
des riffs torturés avec des pédales d'effets maison (je
crois) qui vous vrillent ce qui vous reste de cerveau, vous ronge de l'intérieur.
C'est particulièrement violent et bruyant (les guitares de Du
Savoir Vivre pourraient être tirées du premier d'album
d'Unsane) et absolument pas lassant bien que répétitif.
Mais répétitif à en devenir captivant et donc ingénieux.
Difficile dans ces conditions d'échapper à la grillade neuronale
et à la purge tripale -retour à la case départ, celle
du barbecue mais cette fois c'est toi qui fais la viande.
Haz (01/09/2008)
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