Geronimo
s/t - CD
Three One G 2008

Bienvenue dans un monde de cauchemars. Si les noms de Bastard Noise et Sleestaak (dont sont issus les membres de Geronimo), Landed sonnent comme de douces mélopées à vos oreilles châtiées, si Load record est signe de santé mentale, Geronimo déterre la hache de guerre pour votre plus grand plaisir. Histoire d'être tout de suite dans le bain, Geronimo attaque avec les dix-huit minutes de Firewater. Le battement de cœur au début est un leurre. Un piège pour mieux avoir votre scalp de cow-boy. Une vraie batterie prend rapidement le relais, imposant un rythme cardiaque maladif et précis comme une horloge suisse pendant un temps paraissant une éternité, seulement perturbé par une stridence tout autant répétitive et des coups de basse épisodiques et assourdissants. Dix-huit minutes évoluant lentement, chaque son tombant vous amenant un peu plus près du supplice, s'achevant par un hurlement d'agonisant. Le silence chez Geronimo est aussi important que le bruit propre à dissuader l'ennemi. Car ces longues minutes, comme les six autres morceaux suivants, ne sont pas une anarchie sonore, une bouillie infâme lézardée de larsens, dissonances et autres gâteries auditives. Tout est net, précis, pas un cheveu qui dépasse. C'est le supplice de l'eau, pas la cage aux lions. Le cauchemar façon ambiance poisseuse, lugubre, inquiétante. Pas Pearl Harbor. Geronimo danse autour du totem, tel un métronome, ultra-répétitif, apportant par touches chirurgicales une évolution stressante. L'hypnose par la force. On a bien droit à quelques tours de fraiseuses, ponceuses et vis enfoncés sans anesthésie mais c'est fait avec les gants. La précision du chirurgien. Les douze minutes de Spirit Walker sont proches d'une transe indienne, un vent électrique traversant les grandes plaines et à lire d'un peu plus près les propos du groupe, il ne serait pas étonnant que Geronimo cherche à travers sa musique à évoquer les esprits. Le nom du groupe n'est pas un hasard. Et quand on parle de vieil indien, on tombe bien sûr sur David Yow. Il prête ses beuglements et borborygmes sur Facepeeler, un morceau plus rythmé que le reste où entre deux coups de gongs, Yow montre toute sa science du cri contrôlé. Excellent. Et comme un cauchemar qui finit bien, l'album se clôt par Prints Tie. Le guerrier trouve enfin le repos. Morceau apaisé pour panser les plaies. Geronimo déclare finalement une drôle de guerre où comme dans la vraie vie, les méchants ne sont pas ce que l'on croyait. Le cauchemar laisse la place à une sensation de malaise. Une atmosphère schizo, prenante au fil des écoutes, un vieux cimetière indien qui file les pétoches aux ignorants mais où l'on retrouve la vie loin des regards.

SKX (24/03/2008)