Enablers
The Achievement - 12''
Awesome Vista records 2007

Enablers est au travail, un nouvel album est sur le feu, probablement pour la fin de l'année. En attendant, le groupe s'offre une petite pause sous la forme d'une tournée européenne en Grande Bretagne, Belgique, Pays Bas et en France la deuxième quinzaine de mars. Il y a aussi ce vinyle gravé sur une seule face et comportant un long titre de presque neuf minutes, publié sur un micro label et emballé dans pochette cartonnée et très colorée. Le tout est le premier essai d'une série intitulée art and music, avec un nom pareil ce n'est pas la peine d'en rajouter. Cet objet est avant tout une histoire d'amitié avec le graphiste Chris Johanson, copilote du label Awesome Vista records et responsable donc de la sérigraphie représentant un paysage urbain saturé d'activité humaine. A l'intérieur une photocopie donne à lire un texte de Pete Simonelli, The Achievement, celui-là même qu'il interprète/raconte avec son habituelle maestria sur l'enregistrement. The Achievement devrait rester totalement inédit, à l'inverse de New Moon Knockdown paru lui sur un split single partagé avec Redpanda pour le label britannique Lancashire And Somerset mais qui apparaîtra sur le nouvel album dans une version retravaillée et réarrangée.
Mais revenons à The Achievement. Des écoutes répétitives et intenses me forcent à utiliser cette vieille scie -c'est bien facile mais très pratique- qui consiste à affirmer que l'on tient là le meilleur titre de Enablers depuis longtemps. Sans déconner. The Achievement démarre par un thème sublime aux guitares -toujours cette sacrée paire constituée de Joe Goldring et Kevin Thompson- avant que Pete Simonelli ne développe progressivement son art de la tension et du spoken words. La musique est parfaitement drivée par le batteur Joe Burns, l'intensité monte avant que tout ne s'étiole dans un final de guitares crissantes et disparates, le jeu de percussions passe en mode intermittent (bien que restant éventuellement menaçant) mais la voix garde cette profondeur et cette vérité inaltérable. Après une première partie de titre classiquement post rock noisy, Enablers a choisi la voie d'une ambiance spectaculairement débarrassée de tout repère trop visibles mais imposant l'évidence : histoires de ville, de rues, de trottoirs, c'est comme si on y était, comme si on savait comment s'y diriger tout en se sentant complètement paumé. L'histoire c'est qu'au départ la musique ne durait pas assez longtemps pour accompagner toute la verve de Simonelli. Enablers s'était donc lancé à la suite dans une impro, enregistrée en prise directe, qui s'est révélée d'une justesse déconcertante, un écrin parfait. C'est subtilement beau et passablement inquiétant. C'est même incroyablement crédible alors qu'il ne s'agit bien sur que d'un truc inventé.

Haz (17/02/2008)