|
|
DOPPLER Songs To Defy - LP S.K. records 2008 Rien de tel qu'un disque qui reste accroché à la platine, un disque dont vous ne démordez pas. Vous avez trois tonnes de musique à écouter, du neuf, de l'ancien, du coté, de l'inconnu peu propice au grand saut mais c'est ce disque qu'il vous faut et pas un autre. Là, en ce moment même, cette sensation précise et tout le reste peut aller se faire voir. Le second album des lyonnais de Doppler est de la catégorie super glue, celle qui colle aux tympans et ne vous lâche plus. Doppler aura mis quatre ans pour donner suite à Si Nihil Aliud. Une longue gestation pour s'affranchir de l'ombre des Deity Guns et autres mastodontes-ès-noise des années 90 afin de développer sa propre théorie du bruit sans renier les bases. Sept morceaux - seulement répondrez vous, ça fait peu du kilo à l'année - mais tout est travaillé, pensé dans ses moindres détails et Doppler, comme à son habitude, aime tailler sur la longueur des mouvements s'épanchant au-delà des cinq minutes pour se fracasser jusqu' à dix. Et ça, tu l'accouches pas en deux jours. Compositions tour à tour éclatées et ramassées sur elles, déliées et explosives avec une paire basse-batterie toujours aussi colossale, tant dans la précision que la force de frappe, nous gratifiant de joutes rythmiques à se damner. L'effet samba en plein milieu de We are not sick me rend malade de bonheur. Aucun doutes, c'est deux là sont complémentaires. Quant au guitariste, il se met au niveau, n'hésitant pas à se faire encore plus mélodique que par le passé et avec cette voix légèrement trafiquée, distillée avec parcimonie et toujours à cran, ça vous donne de sacré morceaux épiques. My Third Millenium !! est un long sprint sauvage qui met à genoux pendant que 6 centimetres les met profond et en relief. Car Doppler n'hésite plus à se mettre à nu, ne plus uniquement se cacher derrière les décibels, aller au bout de son idée mélodique et donne à plusieurs reprises dans le lyrisme, un truc brutal et bouillonnant qui retourne les tripes. Les passages plus calmes n'ont rien de l'habituel cliché post-rock. De la vraie mise sous tension, pas là pour simplement faire joli et ménager l'auditeur. Maintenir la pression avec une recherche aiguë du contraste, enchevêtrée dans le tumulte, pour un vrai sens de la noirceur. Les samples continuent de se faire discret, servant l'atmosphère sans la polluer. Doppler a dépassé le stade de simple groupe noise pour partir à la conquête de territoires plus ambitieux. S'attarder sur l'écriture, aller au-delà de la simple énergie physique, toujours présente bien sûr, mais sublimée dans des jeux de construction élaborés au Black Box d'Angers avec Peter Deimel, un souhait de longue date. The Coming Out, final étendu avec une pointe de violon et de stridences, tout en retenu, progression sur la corde raide. Preuve ultime qu'un nouveau palier vient d'être passer. Doppler a élargit sa palette et provoque un sentiment de malaise comme à chaque fois que vous tombez sur un grand disque. SKX (15/09/2008) |