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Collapsar Collapsar, c'est un trou noir à la démesure de ce trio de Louisville, un immense piège qui vous absorbe, qui vous suce la moelle et ne recrache même pas les pépins. Integers est leur deuxième album après un self-titled en 2005 et met la barre bien profonde. Si vous ne faites pas gaffe au compteur, la douzième minute pourrait correspondre au quatrième morceau mais avec Collpasar, vous êtes toujours au titre d'ouverture. Les plans se succèdent, les guitares nous font la totale dans le style arpèges à toute vitesse contre riffs monstrueux contre descente de manche dans les règles de l'art. Le batteur est énorme et je ne parle pas de son physique et il faut se pincer pour croire que le bassiste n'existe pas. Seul un synthé discret vient de temps à autre combler les éventuels espaces. Ils ont beau avoir des têtes de gendres idéaux, ne leur demandez pas de pousser la chansonnette à la fin du repas de famille, les dentiers voleraient bas. Le temps de lire tout ça, on en est toujours au premier morceau. Un plan atmosphérique vient se planter au milieu du décor avant de réattaquer la face nord de l'Everest, d'enchaîner par une touche psychédélique, des guitares qui débordent légèrement dans le solo mais juste ce qu'il faut et de conclure par une certaine idée du blitzkrieg. Pas le temps de respirer, le deuxième titre enchaîne sur des bases identiques. Avec Collpasar, on fait pas le voyage pour rien. Dans le genre math-metal complexe, ils apportent une belle pierre à l'édifice, continuant les basses oeuvres entamées par American Heritage, voir un Don Caballero et enfoncent au passage Keelhaul et compagnie. Car ce qui fait la différence et les place au-dessus du panier, c'est leur propension à mettre du tact dans leur débauche d'énergie. Savoir mettre le frein à leur humeur belliqueuse, rendre fluide des structures labyrinthiques grâce à leur grande virtuosité technique, faire mijoter à feux doux les tympans à coup de cordes acoustiques. Et ce toujours putain de batteur qui a tout compris au sens du mot dynamique. Enorme je vous dis. Ça tourne, ça rajoute des couches, dans la répétition, dans la tension, ça s'arrête soudainement, ça repart de plus belle, les guitares ne s'opposent jamais à quelques accroches mélodiques, ça rock sévère, le cou se cogne aux genoux. L'orgasme. Seulement six titres qui, vous vous en doutez, durent des plombent mais dans la joie et l'allégresse. Même les 18 minutes du dernier morceau The Forever War s'en tire merveilleusement bien grâce à cette alternance d'atmosphères. De la très haute volée tout simplement. SKX (16/01/2008) |