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Bulbul Quinze morceaux plus tard, je ne sais toujours pas à quoi on a eu affaire. A qui, c'est plus simple puisque Bulbul est un groupe autrichien. Partis de un (Raumschiff Engelmayr), ils finirent à trois (rajouter Derhunt et Ddkern). Dix années d'existence et comme l'indique le titre de l'album, c'est le sixième. Voilà pour les données basiques. Pour s'expliquer ce qui se passe dedans, il faut regarder ce qu'il s'y passe dehors. Je sais pas vous mais cette pochette m'a immédiatement fait penser à un tableau de Dali. Je m'y connais en peinture autant qu'en escargots de Bourgogne mais là quand même, ça fait tilt. Surréaliste, Bulbul l'est certainement. Déconnecté du bulbe au point de ne plus savoir à quel saint musical se vouer. Je ne sais pas ce qu'ils mettent dans la bière en Autriche mais j'en veux ! Totalement inclassable à tel point qu'on ne sait jamais si il faut prendre ça sérieusement ou au second degré. Prenez le deuxième morceau, Lack of the key. Vous tombez sur ce titre par hasard et vous zappez sans hésitation aucune sur ce metal-disco-funky dégoulinant de mauvais goût. Et c'est pratiquement ainsi pour tous les morceaux de Bulbul. Sortis de leur contexte, pas un ne tient tout seul debout. Les trois premiers titres de l'album sont ainsi terribles. Une entrée en matière épique demandant à votre masochisme en sommeil de se réveiller derechef pour poursuivre l'aventure. Improbable Bulbul. Croisement entre Red Hot Chili Peppers et Devo, un rock pour DJ, produit par Patrick Pulsinger, demi dieu de la musique electro/techno n'hésitant pas à inviter Carla Bozulich pour un morceau de dark-folk-electro des plus saisissant. C'est là tout le challenge de Bulbul. Le mariage des genres peut déboucher sur des miracles mais aussi sur des gros trucs qui tâchent. Si on peut raisonnablement penser que l'humour est le fil rouge de leur démarche, qu'ils ne font pas prendre tout ça au pied de la lettre (quelle lettre ?), Bulbul a ce coté agaçant, le regardez-nous-comme-on-est-complètement-barré. Une face très extravertie accouchant de pas grand-chose au final, rendant cet album pénible alors qu'ils sont définitivement meilleurs quand ils tentent de filer plus droit, comme ce morceau avec Bozulich donc, l'instrumental Tighter ou Tighten (qui n'a rien à voir avec le précédent). Quand leur loufoquerie se transforme en un rock vénéneux tout juste bizarre. Et des morceaux presque cartésiens, il y en a quelques uns comme ça (The Song's Name, Los Mei Hen In Ruah), pas au point d'oser les comparer à Jesus Lizard, Tar ou Slint comme le fait leur label (faudrait pas se foutre de notre gueule non plus !) mais ça fait du bien de revenir sur la terre ferme avant de repartir faire un détour vers les territoires de Helios Creed et s'achever sur douze minutes écorchantes de lourdeur qui ne font plus rire personne. Et c'est pas plus mal comme ça. Un groupe sans limites avec tous les extrêmes que cela engendre SKX (01/08/2008) |