Year Of No light
Nord - CD
Radar Swarm 2006

Je ne sais pas si 2006 aura été une année sans lumière mais ce fut une année où le duo maléfique Neurosis/Isis aura donné à de jeunes barbus le plus envie de se lancer dans des compositions où la lourdeur le dispute à la longueur, transformant le metal/hardcore en une chape de plomb noirâtre qui doit autant aux années 70 et son hard rock progressif qu'aux années 80 et ses corbeaux de mauvaises augures (j'arrête là ou je vais partir en courant). Les Bordelais de Year of no light y vont donc de leur contribution. Mais quitte à se payer une tranche de mélancolie virile, autant désormais privilégier les élèves que les maîtres Isis dont leur absence de vérité cache surtout une absence d'inspiration. Year of no light ne propose rien de nouveau mais au moins, ce n'est pas fadasse. On note même un morceau (L'angoisse du veilleur de nuit) et deux, trois passages bien rentre-dedans, témoins d'un passé de quelques membres qui ont évolué dans des groupes screamo-hardcore comme Metronome Charisma. Pour le reste, la production de l'incontournable Serge Morattel est tout ce qu'il faut pour ce genre de musique, donnant envergure et chaleur à des ambiances qui ne donnent pas dans la gaudriole. Album quasi-instrumental (la voix de toute façon n'ajoute rien et pourrait venir de n'importe quel groupe de hardcore), les dix morceaux (un de plus, l'œil dans le ciel, sur la version vinyl sorti conjointement sur Atropine et E-Vinyl me glisse-t-on dans l'oreille gauche) fait tout ce qu'on lui demande à ce stade. Ces coups de masse qui vous ont à l'usure. Cette dangereuse lourdeur, cette fausse lenteur qui provoque cette incontrôlable mouvement d'avant en arrière, ces mélodies insidieuses, ce gros grain qui vous enveloppe, cette volonté de ne pas en rajouter dans l'apitoiement, rester serrer, recroqueviller, prêt à claquer. Bref un indéniable savoir-faire qui rend cette heure de musique digne d'intérêt alors que ce n'était pas parti gagnant d'entrée de jeu. Finalement, il y a bien un peu de lumière au bout du tunnel.

SKX (24/01/2007)