Times New Viking
Dig Yourself
- CD
Siltbreeze 2005
The Paisley Reich - CD
Siltbreeze 2006


Siltbreeze records est un label spécialiste de la musique lo-fi, l'anti studio à 24000 € la journée, oeuvrant depuis le tout début des années 90 dans la production d'artistes bricoleurs - de génie ou non, c'est selon la cuvée - le roi du quatre pistes et du chatterton. Leur premier disque fut un single de Halo of Flies (le groupe du futur boss de Amphetamine Reptile) puis toute une ribambelle de production maison dont Sebadoh, Harry Pussy et surtout, une pléthore de groupes néo-zélandais dont ils se sont fait les spécialistes : les légendaires Dead C., Alastair Galbraith, A Handful of Dust et une mine d'autres groupuscules inconnus.
Retrouvez Times New Viking sur le label de Philadelphie est d'une logique implacable. L'enregistrement à la maison a de beaux jours devant lui. Dig Yourself creuse le sillon d'un album pop par essence. Sauf que Times New Viking y fout le feu comme un bidon d'eau de vie sur un barbecue. En plus de gâcher ce sain breuvage, ça rend la merguez méconnaissable. Un groupe originaire de l'Ohio avec une chanteuse enregistrée dans le Michigan, un chanteur en Pennsylvanie et le batteur en vacances dans le Texas (révise ta géographie). Le seul qu'on entend, c'est le guitariste, bien appuyé il est vrai dans sa volonté d'en découdre avec le synthé de la chanteuse. Le studio portatif devait lui appartenir. Pavement à coté, c'est les Eagles. Mais bon, c'est la loi du genre et à ce titre, Times New Viking se défend avec les honneurs. On pense à Trumans Water sans le coté fou furieux. The Intelligence pour le son finalement très garage. L'ambition de Adam Elliot, batteur et chanteur du groupe, était de composer des pop-songs à siffler sous la douche mais dans un Drudgy Dark Sound. Résultat, tu ne chanteras rien et tu seras encore plus crade qu'avant. Un penchant noisy noisy noisy comme il est bon d'entendre une fois par an.

Pensez que Dig Yourself était une œuvre de jeunesse, que ça leur passerait avec le temps était une erreur. Leur dernier album en date, Paisley Reich, est aussi revêche. Plus exactement, il sonne aussi lo-fi, bric et broc sur un même bateau, douché sous une épaisse vague de turbulences mais tout le monde reste sur le pont. A ce point bordélique, ce n'est plus du hasard mais de la totale maîtrise. Plus du je m'en foutisme mais un acte délibéré. Times New Viking se taille un son noise incroyable, maîtrise ses effets et les larsens. Ou plus exactement, les laisse vivre dans l'état, sans se soucier de corriger le tir. Les dissonances deviennent de dangereuses armes. Le volumètre continuellement dans le rouge. Si la volonté d'écrire des pop song est toujours là, ils abandonnent leur coté chapi-chapo pour embraser les airs d'un Half Japanese convulsif parti sur les traces d'un Velvet Underground sain de corps. Les voix parties dans un état voisin vous reviennent dans la tronche comme un boomerang. Des lustres que je n'avais pas entendus des guitares autant en avant. Un tel tapage, un tel niveau de saturation et de grésillement, un tel degré de crasse ensevelie, c'est respect. D'accord, ça fait mal un peu mais c'est comme la sodomie. Ca fait cligner des yeux au début mais après ça passe tout seul. On peut rester insensible à leur tentative mélodique, à leur entrain et ton enjoué mais rien que pour l'enveloppe, cet album vaut le détour.
Le suivant est déjà accouché. Rip It Off est son nom et devrait voir définitivement la lumière du jour début 2008. Saignements garantis.

SKX (17/12/2007)