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Sleeping
People Si il y a un groupe qui peut prétendre au trône laissé vacant par Don Caballero, c'est bien ce groupe de San Diego. Non pas que ce soit la copie conforme du groupe de Pittsburgh mais dans le genre instrumental-math-rock, Sleeping People se pose là. Don Cab aussi sont toujours là mais je parlais du grand Don Cab, celui de la grande époque où ça s'enfilait avec sérieux et entrain. Où la dextérité technique allait de paire avec la fluidité, que complexité rimait avec rock'n'roll - hey mais ça rime pas - c'est un fait mais c'est parce que le cérébral se faisait mettre par le primaire. Et tout ça, Sleeping People l'a bien pigé. Ils avaient déjà étonné leur monde avec un premier album en 2005. Deux ans plus tard, ils continuent de nous bluffer. Ils n'hésitent pas à étirer leurs compositions sans jamais en perdre le contrôle, à relâcher un peu de pression par d'inquiétants passages d'accalmies comme sur la fin du très beau Mouth Breeder, de faire tourner la boucle mélodique jusqu'à plus soif sans que tu t'aperçoives que c'est marée basse depuis longtemps, de manier tous les codes du genre sans que la stérilité guette. Ca gratte dans tous les sens, c'est efficace tout en restant aérien, se permette une pause pseudo-electro-new-age (faute de savoir comment appeler ça) chiante il va de soi avant d'attaquer un des sommets de l'album, Three Things, soit six minutes de virtuosité éclatante qui passe comme une lettre à la poste qui ne serait pas en grève. Car tout le talent de Sleeping People est là. Ne pas se perdre dans les affres de son propre moi du super héros qui maîtrise son instrument et l'art du contre-pied à la perfection pour mettre un peu d'âme et de chair humaine dans sa musique. Seul faute de goût, avoir invité Rob Crow (Pinback) sur People Staying Awake, le dernier morceau de l'album et lui avoir demandé de poser sa voix pour une fin d'album mièvre et sans ressort. Mauvaise pioche. Sortie ratée. Il n'y a certes pas grand-chose de neuf sous le soleil mais Sleeping People le fait mieux que tout le monde. SKX (21/10/2007) |