Sincabeza
Edit Sur Passage Avant Fin Ou Montée d'Instrument - CD
Distille 2007

Sincabeza sonne hispanique mais arrêtez vous à Bordeaux, ça suffira. Il vous faudra tout de même prendre le train des groupes instrumentaux. Une ligne archi-surchargée qui va de la vieille locomotive laborieuse vue 10000 fois par des vaches qui commencent à ruminer sévère leur ras de bol aux (reprenez votre souffle) jeunes trains qui n'ont peur de rien et speedés à mort. Sincabeza, ça serait plutôt le train régional, celui qui prend son temps. Et qui mérite bien une étiquette de post-rock parce que ça rock pas beaucoup là-dedans. C'est même la misère. Et comme leurs complexités sont loin d'être euh… complexes, on peut pas franchement dire que l'on a droit à du math-rock, du vrai, du couillu, de l'imbroglio de première. On dépasse donc le rock. Pas au-dessus, ni en dessous. Mais dans un espace où tout est détendu, fait avec légèreté et doigté, où la maîtrise instrumentale est évidente mais où tout ça peut aussi très bien vous passer au-dessus. Ou en dessous. Les morceaux sont bien construits. Pas de fausse note et encore moins de goût. C'est joliment fait. Le genre de phrase à double tranchant. On musarde, on prend le temps d'humer l'air, on accélère dans quelques côtes, on joue à cache-cache avec les rythmes et une fois qu'on s'est bien amuser, on oublie à peu près tout, y compris ce qu'on vient d'entendre. Il faut attendre l'avant-dernier morceau (Non, Rien), qui porte mal son nom, car il y a quelque chose qui s'y passe. Oh pas grand-chose, rien de révolutionnaire mais une collaboration avec leurs potes de Radikal Satan qui brise un peu la monotonie qui s'entassait dangereusement à la fin de cet album. L'accordéon de Momo pour une digression qui est bien plus qu'un interlude. Et c'est dingue comme ça fait du bien. Le dernier titre (Waar Het Om Gaat) poursuit ce cheminement. 13 minutes 30, c'est long. On peut en retirer une bonne moitié mais celles qui restent témoignent de ce même esprit d'ouverture, de légèreté qui ressemble à autre chose qu'un courant d'air stérile. Un album qui s'égrène avec la manière mais qui aurait besoin également de se faire botter l'arrière-train et aller voir ailleurs.

SKX (18/05/2007)