Shellac
Excellent Italian Greyhound - LP
Touch And Go 2007

Un nouveau Shellac vient de débarquer. Super. Sept ans sans signe discographique. Sept années avec une poignée de concerts où, parait-il vu que je n'y ai jamais mis les pieds, le trio de Chicago aurait déjà joué les trois-quarts de ce nouvel album avant de se retrouver largement disponible en format électronique. Quel monde merveilleux. Et comme d'habitude, une grosse bulle qui monte qui monte et qui fait flop. Alors que Shellac avait déjà touché le fond de la fatuité avec 1000 Hurts (ce que je croyais déjà fait avec Terraform), ils ne sont pas loin de faire de même avec ce quatrième album. Juste pas loin.
Ça commence pourtant pas mal avec les huit minutes de The End Of The Radio (un morceau que John Peel aurait détesté s'il avait encore été vivant) avec sa dynamique fluctuante, sa mélodie à la guitare pas dégueulasse et la ligne de basse la plus feignasse de toute l'histoire du noise-rock. Mais ça passe. Après, c'est, au choix, la routine (dans le meilleur des cas avec Steady As She Goes et Elephant) ou le désert. Provocations éculées qui ne provoquent plus grand monde. Voir ses vieux singes faire toujours les mêmes grimaces commence à devenir pitoyable. J'ai l'impression que Bob Weston joue la même chose à la basse depuis 15 ans. Leur coup du stop and go comme sur Be Prepared sonne vu et revu. Shellac s'autoparodiant. Genuine Lulabelle aurait pu être un dépaysement intéressant. La mélodie à la guitare est une nouvelle fois pas dégueulasse mais Shellac perd totalement le fil de l'histoire au bout de neuf minutes de grande solitude. On va s'épargner le reste de l'album. Même sur Boycott où le père Albini nous ressort pratiquement les mêmes arpèges que le morceau Wingwalker en 1993 en version accélérée. De toute façon, je m'endors toujours avant la fin. Excepté avec Spoke, le dernier titre qui me sort de la torpeur.
C'est bien beau d'avoir le meilleur son de batterie au monde. D'entendre comment chaque accord de guitare ou de basse cinglent l'espace. Mais on s'en tape à vrai dire. Le nerf de la guerre, ce sont les compositions. Ce qu'on met à l'intérieur des quatre murs de ce son si foooormidable. Et là, franchement, ça sonne creux et ça fait un moment que ça dure. Leurs compos sont tout simplement anecdotiques, faiblardes, tout plein de gimmicks faciles. A l'image de toutes leurs pochettes, Shellac met tout dans l'apparence mais quand on gratte un peu, il ne reste plus grand chose. C'est pas le lévrier qui dira le contraire. Pas de quoi en tout cas faire tout un foin autour de chacune de leur sortie. Steve Albini a fait partie de deux groupes primordiaux (Big Black et Rapeman), a beaucoup fait pour le noise-rock mais Shellac, malgré toute la bonne volonté du monde, ça ne le fait plus depuis belles lurettes (depuis leurs 2 premiers 45 tours en fait et allez, le 1er album…). Ils peuvent ne faire aucune promo, aucune interview, aucune pub, se reposer sur leur renommée tant qu'ils veulent pour vendre du disque, faire parler d'eux autant par leur attitude (sinon plus) que pour leur musique (ce qui devient un comble de la part d'un groupe qui fait un gros fuck à l'industrie musicale), on s'en branle. On est là avant tout pour la musique. Et là, ya plus grand monde. Quand on voit ce que musicalement des Oxbow, Unsane, Neurosis, des vieux de la vieille comme eux sont encore capable de faire, Shellac prend un sacré coup dans la tronche. L'inspiration et l'élan créatif les ont définitivement quittés. Sans Shellac et Albini inscrit dessus, cet Excellent Italian Greyhound passerait autant inaperçu qu'un Qui sans David Yow. Un disque de quarantenaires qui n'ont plus rien à dire mais qui le disent quand même. Pour tout le reste, c'est mort.

SKX (30/09/2007)