Quint
Time Wounds All Heals - CD
Egypt 1997

Battons le fer UT tant qu'il est chaud. Après la totale Dial, retour sur un autre projet post-UT. Sally Young (chant, guitare) a formé au milieu des années 90 le groupe Quint avec Jamie Sellers (basse) pour recruter par la suite Graham Newbury à la batterie, soit une trilogie rock des plus classique. Mais ils ne s'arrêtent pas à cette banalité et une violoniste (Pookie Jinb) et un trompettiste (Andrew Blick) sont ajoutés au générique. Dans l'ombre de Quint s'agite le binoclard de service, toujours là quand on ne l'attend pas, Mr. Steve Albini. La musique de Quint n'a pas grand-chose à voir avec celle qu'il côtoie habituellement mais il ne faut oublier que Albini a déjà enregistré le dernier album de UT (Griller) et qu'il montrera dans les années à suivre une ouverture d'esprit qu'on ne lui soupçonnait pas à cette époque. Après un premier 45 tours Blueprint to a blackout / Sawtooth en 1995, single of the week du Melody Maker et qui rencontre un joli petit succès un peu partout (John Peel bien sûr mais dans pas mal de radios étrangères aussi - ?? je devais être à la pêche en Ardèche cette année là), Quint passe à l'album en 1998, toujours avec Albini aux commandes. A la manière de UT, on retrouve cette antagonisme chez Quint, entre beauté et dureté. Un aspect mélodique, abordable et quelquechose de plus tendu et abrasif. Mais les armes employées sont différentes. La magnifique voix de Sally Young et la trompette de Blick donnent de faux airs de Dog Faced Hermans ou Motherhead Bug pendant que le violon renvoie aux sonorités de l'Europe de l'Est et que la rythmique achève le travail en mettant le nerf avec le son de qui on sait. C'est autant de la pop ambitieuse que du rock pervers, des morceaux qui semblent couler paisiblement que des structures alambiquées. Proche du chaos à plusieurs reprises mais recentré par la claire et articulée voix de Young. Quint profite du background très différent de chaque musicien pour composer un album riche d'ambiances différentes mais cohérent d'un bout à l'autre. On a bien quelques passages qui font tiquer, des sonorités vaguement seventies, notamment dans la guitare, mais Time Wounds All Heals mérite qu'on s'y attarde, réussissant, l'espace d'une courte carrière et de ce seul album, à mêler les vieux démons de toujours, mélodie et intensité, atmosphère jazzy-lounge et fracas rock, tout en avançant un visage plus présentable quoique plus complexe qu'il n'y parait.

SKX (26/11/2007)