Overmars
Born Again - CD
Appease Me 2007

Ainsi donc Overmars a voulu s'essayer au format long. Surtout ne pas se répéter, évoluer, expérimenter, repousser un peu plus loin le cadre d'une musique collective et riche, confère la multiplicité des pistes déjà empruntées sur l'excellent et précédent Affliction, Endocrine… Vertigo. J'imagine qu'un tel exercice n'a pas été sans difficultés, ils sont quand même six ou sept dans ce groupe, à jouer, éructer, taper ou marteler. Alors se mettre tous ensembles pour engendrer un seul et unique morceau de près de quarante minutes… C'est très logiquement que celui-ci s'intitule Born Again, parce qu'il s'agit à la fois d'un nouveau disque d'Overmars -pour en faire un résumé succin mais limitatif : du hard core down tempo orienté doom (ou l'inverse, c'est comme on veut) traversé de passages atmosphériques et indus- mais surtout il s'agit de tout autre chose, d'un voyage intense et douloureux s'achevant par une étrange sensation de vide dont paradoxalement on ressort comblé. C'est que ce disque, jouissif à force de puissance évocatrice, est épuisant, mais dans le bon sens du terme. Un côté orgasmique dans tout ça.
L'intro répétitive de Born Again avec ses guitares/monolithes pourrait faire irrémédiablement penser à du Swans première grande époque (les albums Filth et Cop), mais en un peu plus gras, si Overmars n'osait rapidement brouiller les pistes : le chant masculin et monstrueux, tendance death/thrash, est rapidement supplanté par une longue intervention de la bassiste, intervention qui semble exploser sur place et perturbe fort à propos une dynamique terriblement efficace et donc sciemment vouée à l'échec. Rien ne doit être facile. Certains passages abusent de la répétitivité et frisent l'écoeurement - comme celui où une deuxième voix masculine débaroule pour hurler jusqu'au déchirement - alors que d'autres explorent toutes les potentialités de sonorités électroniques (très bon travail du clavier/sampler) ou permettent à un chant plus clair mais tout aussi prenant et pesant de s'exprimer. Ne pas oublier non plus qu'Overmars est un vrai groupe de guitares et que celles-ci sont parfaitement traitées par la production/mixage de Nicolas Dick (Kill The Thrill) qui décidément est devenu un incontournable : le son de la basse qui joue plusieurs fois un rôle fédérateur est énorme et celui des deux guitares, que ce soit dans le registre du riff aiguisé et appuyé que dans celui du tricotage d'ambiances lugubres, est précisément excellent.
Reste que ce seul et unique morceau passe comme une lettre à la poste en ce sens que le temps -celui de l'expérience que dure toute l'écoute de Born Again- semble aboli : l'effet n'en est que plus perturbant et emprunt d'une étonnante réalité, une réalité palpable. Un disque épuisant je l'ai déjà dit, mais au final captivant et… bénéfique, c'est-à-dire riche d'enseignements et d'impressions pour celui ou celle qui écoute, attentivement et médusé(e).

Haz (28/10/2007)

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