Nadja
Radiance Of Shadows - CD
Alien8 recordings 2007

Même pas le temps de se retourner, de goûter assidûment à Touched, le précédent album de Nadja, que le duo est déjà de retour avec ce Radiance Of Shadows. Et à l'heure où j'écris ceci, j'attends de pouvoir également jeter une oreille sur Guilted By The Sun, encore un nouveau disque. Les enregistrements de Nadja se suivent donc à un train d'enfer, un nouvel album tous les trimestres ou presque, auxquels il faut rajouter les CDr autoproduits, les rééditions, les versions réenregistrées, les collaborations (celle avec Fear Falls Burning chez Conspiracy par exemple…), les splits et les travaux solo d'Aidan Baker, le capitaine du navire Nadja. Cela fait beaucoup, beaucoup trop même est on tenté de dire parce que d'un disque à l'autre il n'y a jamais vraiment de différences, Nadja se contentant de creuser son sillon, de cultiver son metal atmosphérique sans rien demander à personne. Parfois un enregistrement attire l'attention plus qu'un autre, semble plus accompli et c'est précisément le cas de ce Radiance Of Shadows sorti comme d'habitude chez Alien8 recordings.
La grande réussite de Nadja c'est d'avoir réussi à élaguer son metal lourdissime en lui insufflant des éléments étrangers et a priori incompatibles : le doom est croisé avec de la pop façon Cocteau Twins, les atmosphères industrielles incitent au recueillement, le drone n'est pas synonyme d'ennui. Parfois, je me surprends à penser qu'Aidan Baker réussit avec Nadja exactement là où Justin Broadrick se casse la gueule avec Jesu. L'anglais, à trop vouloir épurer et synthétiser son propos finit par se perdre dans un océan de vide. Le canadien au contraire ensevelit sa musique dans de profonds sables mouvants, sarcophages de bruits ascensionnels et étouffants (l'énorme final industriel du titre éponyme), forme une chrysalide de saturations épaisses qui lorsqu'elle éclate laisse échapper un magma assourdissant. La recette de Nadja semble définitivement au point sur Radiance Of Shadows dont la violence du son (les binoclards n'auront pas manqué de remarquer que le mastering est du à un certain James Plotkin) reste intacte même après plusieurs écoutes.

Haz (08/12/2007)