Kongh
Counting Heartbeats - 2xLPs
Trust No One 2007

Quand j'ai vu la pochette avec ce nom Kongh qui tombe comme un coup de massue avec la délicatesse d'une charge de CRS. Que j'ai vu ce logo, même discret, au-dessus de leur nom, en forme de croix renversée. Que les notes internes les faisaient venir de Suède. Que les mots doom, sluge et masters apparaissaient trop clairement, j'ai bien failli passé mon chemin. Pas envie d'écouter des compos de trois plombs avec deux coups de caisse claire, un riff toutes les demi-heures et un chant guttural aussi pénible que ridicule. Par acquis de conscience, j'ai voulu vérifier si ces grands méchants loups sortis du bois étaient aussi terrifiants qu'ils semblaient vouloir le paraître. J'ai eu ma réponse. Non, ils n'ont rien de terrifiant mais ils en imposent quand même. Kongh serait-il ce groupe capable de faire aimer le doom à tout ceux qui ne l'aime pas ? Faire apprécier le lourd, très lourd, le lent, l'abominablement lent, le pesant, le metal qui pèse trois tonnes à de frêles épaules. Faire passer des riffs titanesques comme une lettre à la poste à des abonnés habitués à plus de légèreté ? Sans doute car Kongh signifie bien plus que cette enfilade de clichés sans vaseline. Il y a tout ça bien sûr. Cinq compos en plus d'une heure, vous avez le temps de voir venir et nos courageux suédois ne s'épargnent pas les éléments du style. Mais vous avez aussi ce son de guitare claire complètement aliénant. Une finesse et un grain incomparable. Apporte un sentiment de légèreté totalement incongru et admirablement bienvenue. Cette façon d'alterner, de fondre les parties de mammouths et des passages plus atmosphériques sans que cela sonne vu et revu. D'avoir la gentillesse de construire des morceaux d'un quart d'heure sans que l'ennui se pointe. Même en mode répétitif, Kongh nous prend dans un cercle vicieux dont on ne cherche pas à s'échapper. Et surtout, la voix, virile certes, n'a rien du beuglement stérile du porc qu'on amène à l'abattoir. Alors oui, Counting Heartbeat est un premier album impressionnant après seulement deux ans d'existence dans un paysage trop habitué à voir défiler les mêmes poncifs. Kongh déboule et trouve sa place sans forcer, se joue des codes sans en inventer de nouveaux, arrive à bout de vos résistances même si elles étaient fortes au début, apporte une subtilité et une fragilité latente insoupçonnées sur fond de bestialité attendue. Belle passe d'armes.

SKX (24/09/2007)