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Joeyfat
The House Of The Fat - CD
Unlabel 2003
Parler de Joeyfat, c'est revenir aux débuts des années 90.
Un groupe, comme tant d'autres, à la vie erratique, qui mettra
fin à sa brillante carrière en 1996 dans l'anonymat le plus
complet. Ou presque. La sortie de The Unwilling astronaut en 2000,
compilation 16 titres de tout leur maigre butin, leur mettra à
nouveau le pied à l'étrier pour déboucher trois ans
plus sur l'album ici présent. Parler de Joeyfat, c'est aussi se
demander comment on va en parler
Prenez tout ce qui suit avec des
pincettes. A première vue, ça sonne conventionnel. Pas de
quoi fouetter un chat. Quatre anglais qui s'évertuent à
jouer du rock en formation classique, sans agressivité particulière.
Ni noise, ni emo, ni salsa. Rien de particulier à signaler. Pas
de petites cases pratiques où les coller. Et c'est là que
ça commence à devenir intéressant. Chez Joeyfat,
tout est dans le détail. Le chanteur d'abord. Mis en avant, plus
parlé que chanté, on rate sûrement beaucoup à
ne pas comprendre le sens de ses paroles. A peine dénote-t-on un
humour mordant so british. Mais son timbre accroche de suite. Sûr
de son débit, modulant les effets de ses cordes vocales, Mister
Edward Cole est un fin conteur et vous le suivriez n'importe où.
Même au fond du ravin. Pour la musique, c'est à son image.
Tout en finesse et persuasif. Le seul groupe qui me vient à l'esprit,
c'est Shipping News mais on ne fait qu'effleurer du doigt le potentiel
de Joeyfat. Largement plus malin que la moyenne avec une dimension clownesque
non négligeable, Joeyfat sait être aussi bien complexe que
lumineux. Faire dans la simplicité mélodique où se
cacher derrière un mur de bruit avec toujours des moyens qui semblent
dérisoires. Une approche minimaliste mais chaque note, chaque instrument
ont son importance. Des compositions qui font peu à peu leur travail
de sape au fil des écoutes pour ne plus vous lâcher. Etre
harmonieux tout en étant intense. Vous hypnotiser comme les six
minutes de Last checked 13:15, énorme morceau qui, à
l'image de tout l'album, semble l'air de rien, mais n'a pas fini de vous
hanter. Parce ce que vous étiez parti pour un produit de série
et qu'au final, vous vous retrouvez avec un disque brillant. Derrière
son apparente nonchalance et sa loose patenté se cache une réelle
tension avec une pointe de mélancolie, un truc solide qui s'en
remet à son seul talent de compositeurs pour vous impressionner.
Pas d'esbroufes, pas de poses racoleuses, pas de gimmicks faciles. Tout
en décalage subtil et en ironie, original quand on creuse un peu.
Un groupe 100% Anglais qui ne fera jamais la une des tabloïds et
c'est ça qu'on aime. Ce ne sont pas toujours ceux qui gueulent
les plus fort qui dégagent le plus de puissance. On pourrait en
parler des heures que vous n'y verriez pas plus clair alors franchement,
essayer, c'est l'adopter.
SKX
(18/03/2007)
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