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Vaz Vaz à deux devient Vaz à trois. Pour le troisième album. Vaz logique. Le duo inséparable comme un couple de perruches ouvre sa cage à un deuxième guitariste, Adam Marx (dont le nom de scène sera Judy Station). C'est le jeu des Vaz communiquant. Les deux ex-Hammerhead retrouvent donc la formule à trois dont ils connaissent tous les secrets. Vaz change-t-il son eau ? Ou plutôt, mettent-ils de l'eau dans leur vinasse ? Après un premier album hanté par le spectre de Hammerhead, le second opus les voyait déjà se fourvoyer dans des chemins que leurs vieilles baskets rechignaient jadis à fréquenter. L'âge aidant, Hammerhead se décomplexe. Ces vieux punks ouvrent les écoutilles et les sentiments et question moral, on peut pas dire que c'est au beau fixe. La voix de Apollo Liftoff (Paul Erickson à la ville) se fait de plus en plus détacher des turpitudes terrestres. Froide comme l'aura dans laquelle baigne cet album. Le batteur petit mais nerveux avec des bras de déménageurs, Jeff Mooridian (Dionysus Powerdown pour ces dames ou Bruce Museum pour ces messieurs) nous gratifie certes toujours de joutes rythmiques hautes en couleurs dont les enchaînements feraient pâlir n'importe quel slalomeur mais les pauses se font plus nombreuses. Les morceaux restent sur le qui-vive mais ya comme un truc qui cloche. Une bestiole cafardeuse qui court-circuitent les neurones. Leurs hymnes post-punk noise ont du mal à enclencher la vitesse supérieure. On se demande ce que le deuxième guitariste est venu apporter sinon deux bras en plus pour porter les amplis. Le sens mélodique est là mais c'est comme si Vaz ne voulait pas exploiter le filon à fond. Un désir d'essayer autre chose. D'expérimenter par le petit bout de la lorgnette. Quitte à le faire, autant aller au bout des choses car du coup, on se retrouve un peu à naviguer en eaux troubles. Cet album a quelque chose d'impressionniste et triste à la fois. De rageur mais les poings liés par un fardeau trop lourd. Un Vaz qui veut grandir, changer de peau mais qui a eu peur d'aller trop loin. Et pour acceptable qu'est cet album, nous n'avons pas non plus la meilleure des cuvées. SKX (20/02/06) |