Todd
Comes To Your House - CD
Southern 2006

Je me souviens de ce Craig Clouse. C'était pendant la dernière tournée de Hammerhead en Europe. Un Hammerhead en fin de vie qui venait de sortir son ultime album Duh, The Big City en 1995 et Paul Sanders, le guitariste-chanteur, venait subitement de retourner à ses études. Pour assurer la tournée, les deux restants (qui forment Vaz maintenant) avaient recruté à la dernière minute cet ex-Crown Roast, qui n'a jamais participé à l'écriture des albums du groupe de Amphetamine Reptile records. Sur la scène des Tontons Flingueurs, j'ai l'image d'un Craig, maigrelet blondinet, tout timide et maladroit. Depuis, le gars s'est soigné et c'est avec l'assurance d'un grand fauve qu'il mène Todd à l'échafaud. Après un premier album Purity Pledge qui ne m'avait pas plus secoué que ça, Todd devient carrément carnassier. Todd se lâche, sort d'un punk-rock-noise très estampillé Amphetamine Reptile et quelque peu besogneux pour heurter de plein fouet le monde fantastique d'une musique noise où tout est permis. Plus de calcul, on lâche la bride sévère. Il n'y a pas de basse mais le mec qui remplace en profite avec son synthé pour redoubler de bordel, envoyer des sons biens stridents, rajouter des strates de bruits par-dessus une guitare qui ne manque pourtant pas de répondant. Trafiquage des voix, rythmique plombée, tout dans le rouge, larsens dans la tronche, avec le beau Eugene d'Oxbow sur The Knife Whisperer. On retrouve d'ailleurs ce goût commun pour les déflagrations anarchiques, des trames qui suivent la seule volonté et mystère du pouvoir de l'électricité, une boule de feu qui dévaste tout sur son passage. C'est limite bruitiste avec des épisodes instrumentaux où ça éclate dans tous les sens, un grand savoir-faire pour jouer avec le feu, pardon, le bruit, le triturer dans tous les sens et en tirer des morceaux qui suintent, qui font mal aux oreilles, qui jouissent sans entraves. Todd en a cure des convenances. Et ç'est ça qui est bon. Leurs manières de bûcheron, rien à foutre de la technique de leurs contemporains, ce chaos qu'ils insufflent, le truc qui part dans tous les sens. Pas besoin de savoir compter chez Todd. Tout se joue dans les tripes et bordel de merde, l'énergie retranscrite ici est rédemptrice et vachement bonne.

SKX (15/09/2006)