Shoplifting
Body Stories - LP
Kill Rock Stars 2006

Le vol à l'étalage a commencé en décembre 2003. Après que les Chromatics aient mis fin à leur débauche. Après que Hannah Blilie ait partagé son temps de batterie entre The Gossip et Shoplifting. Après avoir installé une parfaite parité entre une rythmique entièrement féminine avec Melissa Lock (qui a replacé Michelle Nolan, une ex-Chromatics à la basse) et Devin Walsh et Chris Pugmire pour respectivement la guitare et le chant.
Un chant que l'on retrouve au centre des compos, un chant alternée entre Blilie et Pugmire, quand ce n'est pas les deux en même temps. Un chant pour mieux faire entendre leurs revendications de groupe engagé contre le grand satan Bush et son administration qui à inviter le guitariste à aller se calmer en tôle pour avoir eu la témérité d'avoir oser joué du tambourin dans les rues de New-York lors d'une convention républicaine ! Mais ce Body Stories ne se résume pas à du préchi-précha de bas étage, ne se laisse pas enfermer dans une boite bien pratique. La musique est difficile à alpaguer. On pourrait citer comme influence la vague post-punk avec Gang of Four et Wire, voir le dub/reggae fait par les petits blancs en 77 (particulièrement sur les deux morceaux Claude Glass et l'instrumental Flying Factory), les formes répétitives de The Fall mais tout ça revu et corrigé par une lecture bien personnelle. Une guitare libérée des structures, imprévisible, chancelante, délivrant sporadiquement de lumineux riffs bouillonnants, contrastant avec une basse qui invite à esquisser quelques pas de danse à la manière d'un Chinese Stars. Des certitudes qui s'envolent le morceau suivant. L'album a beau être d'une parfaite cohésion, les compos vont de l'instrumental à l'atmosphère trouble qui ne va pas dans le sens du poil à des titres où toute leur frustration explose. Shoplifting cherche la confrontation, ne se donne pas facilement, tend la main, séduit pour mieux frapper, vous interroger, empêcheur de tourner (en) rond, à l'image des deux morceaux M. Sally et Male Gynecology aux attributs aguicheurs, le rythme séduisant mais finalement piquant et la langue pleine de venin. Un premier album qui ne va pas dans la facilité, tour à tour violent et hypnotique, primaire et atonal, subtilement varié et qui contrairement à beaucoup de ses contemporains qui ne cherchent pas à dépasser leurs influences, propose de nouvelles pistes tout en vous laissant dans la confusion.

SKX (19/08/2006)