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Lisabö Quittons
un instant les sentiers balisés pour nous diriger vers la ville
d'Irun en plein pays basque, au sud d'Hendaye. Non, je ne prépare
pas mes prochaines vacances. Irun est le théâtre de jeu d'un
groupe qui m'étais inconnu il y a peu encore. Lisabö, quatuor
au trois quart masculin. Le premier album date pourtant du nouveau millénaire
(Ezarian en 2000 sur Esan Ozenki records) puis un CDEP sur le plus
connu label Acuarela en 2002 jusqu'à ce nouveau projet sur le 100%
basque Metak. Un disque en forme de collaboration. Difficile de dire dans
ces conditions, quand vous ne connaissez pas leurs précédents
enregistrements, quelle est la part de Lisabö dans ces treize compositions.
Mais il ressort de tous ces titres une dimension émotionnelle qui
fait trembler plus d'une chair. Des échanges avec le chanteur d'Experience,
Manta Rey ou des beaucoup moins connus Anari, Riddim, Akauzazte, Xabier
Erkizia et Carlos Desastre. Si le titre avec Experience ressort du lot
avec le phrasé reconnaissable entre mille du chanteur, le reste
fait bloc. Une chape de mélancolie, des ambiances qui prennent
aux tripes, Lisabö doit autant à Sonic Youth qu'à Slint,
autant à certaines phrases de guitares (El adios que se queda)
du célèbre groupe de New-York qu'à cette tension
maladive que le groupe de Louisville savait rendre presque intolérable.
Mais la musique de Lisabö ne se laisse pas approcher facilement.
A l'instar des tchèques de Lvmen, ils créent des climats
chargés de nuages noirs, qui aiment progresser sur la durée
non sans ruer dans les brancards, le temps de morceaux plus noise-rock
et concis, alternant les vitesses et soutenus par un chant masculin/féminin
qui fait beaucoup dans la beauté de ces morceaux. C'est Kill The
Thrill dans les intentions. Ce feu intérieur qui bouillonne, ce
parfum dramatique parfaitement mis en son, cette sensation d'épaisseur
et de légèreté. Un disque dense qu'une multitude
d'écoutes ne suffit pas à en faire le tour. Le pays basque
frappe très fort. |