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SHORA Dès que j'ai vu le temps des plages s'afficher, j'ai senti que le Shora comme on le connaissait était devenu de l'histoire ancienne. Quatre titres seulement pour trente-trois minutes de musique. Fini la version uppercut de leur hardcore bouillonnant et incisif. Shora jouait les suiveurs, dans le sillage des Isis, Cult of Luna, Godspeed you Black Emperor. Ça annonçait une chronique chaude pour leurs fesses. Mais qu'ont-ils tous ces groupes à manquer autant de personnalité et prendre le train en marche dès que celui-ci file vers le succès ?! Quelques écoutes plus tard, je me suis surpris à apprécier ce disque Car si Shora change carrément son fusil d'épaule, c'est pour tirer dans une direction qui lui est propre. Avec ses propres armes, ce groupe suisse construit des climats qui sentent bon les années 70, s'inscrivant dans un courant proche de Guapo mais avec une agressivité et une intensité tirées de leur expérience hardcore qui évitent les poncifs du genre. A croire que dans la liste des groupe suscités, il restait une place à prendre ! On n'échappe pas aux nappes du piano/synthé qui me font serrer le sphincter, notamment sur le dernier morceau Klarheit, avec une voix féminine angélique qui débarque dans ce monde totalement instrumental. Mais tout ça reste du domaine du détail. Shora réussit le tour de force de créer une musique aérienne sans jamais être grandiloquente. Une touche d'un fond de Neurosis dans cette mélancolie rampante. Utiliser des éléments et des ambiances issus d'un sérail qui a tout pour me crisper et de sonner juste. Elaborer des montées point éreintantes, de maintenir en haleine sous une pression constante, tout en retenu, qui pourrait laisser croire à des débordements mais les Genevois n'en ont cure. Quatre compositions qui ont de la finesse et de la musicalité. La musique progressive revient au galop ces derniers temps et c'est pas trop pour me plaire ce genre de conneries mais Shora assume complètement ce changement de cap radical et gère ses influences embarrassantes au mieux en les ancrant résolument dans le présent. SKX (16/12/2005) |