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PLAYING
ENEMY Je m'en remets à peine. Le second album de Playing Enemy vient tout juste de débarquer en ville, la boucle continuelle sur la platine et l'onde de choc me poursuit encore. Cancer ouvre les hostilités. Juste la voix psalmodiant, la guitare égrenant ses accords funestes et une ligne de basse. Une minute d'échauffement, un ange passe. Pour le reste, accrochez-vous. Playing Enemy, c'est la plainte faite homme, un bout de chair bien vivant, tout en respiration haletante et crispation. Leur hardcore prend de plus en plus des allures de Dazzling Killmen, surtout avec l'arrivée d'un énième nouveau bassiste dont le jeu ressemble fortement à celui de Darin Gray. Espérons que celui-ci soit le bon. Sa virtuosité et sa hargne flanquent la trouille. Leur musique prend de la hauteur, s'efface des clivages. Une musique déliée qui sait rendre son apparente complexité efficace, insister rythmiquement sur les pions à faire avaler, se réduire au silence, créer une tension bien réelle, le morceau qui tourne et tourne, la pression, frôler l'explosion puis se laisser illuminer par la boule de feu. Playing Enemy n'a pas de refrain ultra mélodique en plein milieu du chaos. Ils ne mangent pas de ce pain là. A peine s'autorisent-ils quelques samples, Tu sais très bien que je t'aime en français dans le texte ou cette magnifique fin de morceau sur A Thousand Victories et ces churs célestes débarqués de nul part, la touche lyrique d'un album qui ne manque pas de faille humaine où le cur parle toujours derrière la virulence du propos. Toute la différence avec une meute agitée et stérile. Playing Enemy sait rendre son hardcore émotionnel, avec une apparente simplicité, sans bluff, le dénuement sous la colère, une fois l'os bien rongé. Capricorn clos l'album comme il avait commencé. Je peux taper toute la nuit. Indispensable. SKX (01/05/2005)
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