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Ex Immortels The Ex qui laissent aux scribouillards de tous poils le soin d'écrire leur histoire. Le regard toujours porté vers l'avenir, The Ex continue, vaille que vaille, malgré le départ, un de plus dans leur longue aventure (après tout ils ne sont plus que 2 d'origine) mais celui-ci de poids. Luc, le bassiste depuis 19 ans, douloureuse séparation qu'une Rozemarie remplace, armée de sa contrebasse. Le destin, ne pas s'attarder. La nouvelle ligne d'horizon se porte au sud, sur ce continent africain qu'ils chérissent tant. Puis, dans un nouvel élan, tout reprendre à zéro. Deux tonnes de nouvelles compositions plus tard, nos Hollandais voient double. Trois quart d'heure chacun de musique, ces deux cédés décèlent milles trésors ramenés des sables d'Erythrée. La propension quasi vitale de The Ex à se nourrir d'influences multiples, les oreilles, les yeux, le cur en éveil, l'ébullition constante et puis tout malaxer dans leur usine à gaz. La moulinette de The Ex, formidable machine qui va chercher dans les musiques traditionnelles africaines des compositions clairement inspirées (Theme From Konono et Huriyet, Katrin la batteuse au chant et nous à genoux) ou avec force magie noire, en tirer toute la substantifique moelle, s'approprier l'âme des ancêtres et vous jeter, avec fulgurance, à la tronche, leurs interprétations, Exiennes jusqu'au tréfonds de la chair. Dans le verbe et dans le geste, The Ex est toujours noblement punk. En colère dans ces guitares bouillonnantes, tout est rythme, la transe, la fièvre de la jungle, la tension insufflée en boucle, The Ex, pas aujourd'hui qu'ils vont se calmer. La basse n'est plus. La contrebasse joue une autre partition, apporte fluidité et quand elle utilise l'archet, c'est vers l'univers de Tom Cora avec The Ex que l'on glisse (le très beau The Idunno Law, le morceau pignant, comme sur chaque album de The Ex ou encore Sister). Remettre l'ouvrage sous un nouvel éclairage. Garder les bases mais continuer à faire trembler les murs. Faire avancer la boule en y ajoutant à chaque rotation complète une couche essentielle. La patine des ans avec des échardes toujours nombreuses, rester sur ses gardes, la créativité sans cesse, les lauriers écrasés, Sélassié reconnaîtra les siens. Il règne sur cet album une atmosphère fiévreuse, un sens du rythme qui tourne à l'hypnose (et on connaît l'importance du rythme chez The Ex), un souffle chaud descendu sur les chères têtes blondes de notre tribu hollandaise, possédée par des voyages salvateurs dans le berceau du monde, ces terres indomptées et fougueuses. Normal que The Ex s'y reconnaisse. Ce monde qui les inspire tant, des sons aux paroles tirées de poèmes de Virginia Grütter, Cornelis Vreeswijk ou Anne-James Chaton, poète moderne, vu sur leur récente tournée, et sa litanie de la vie ordinaire pour clore cet album. Ce monde qui les révolte toujours autant, un brin de cynisme en plus mais l'énergie de jeunes poulains. We need poets, we need painters clame GW Sok pour ouvrir l'album. On a surtout besoin de The Ex! SKX (02/01/2005) |