Permanent Fatal Error
Law Speed - CD
Ruminance 2004

La face cachée du système, l'organe face à la machine, le hasard de la chute. L'erreur fatale et permanente. L'immersion dans un monde où on reprend tout depuis le début. Olivier Manchion, libéré d'Ulan Bator (et de ces laborieuses dernières sorties) s'entoure d'une nouvelle bande. L'acoustique règne en maître. L'analogique est son bras armé. Touché au cœur du tympan l'auditeur égaré. Ce qui frappe tout de suite, c'est le son. Cette profondeur de champ, ce grain vivant. L'atout principal qui permet de poser des compositions habillées pour l'hiver. Un enregistrement confié à un certain Lionel Darenne, disciple de Albini, dont le travail est ici précis et lumineux. Harmonie des sons, clarté de l'objet, Law Speed a de la sobriété, un éclair blanc qui vous transperce et cicatrise sur le champ. L'ambiance n'est pas au réchauffement de la planète. Tout au plus peut-on parler d'une douce mélancolie qui vous enveloppe sans être rassurante pour autant. L'acoustique se mélange à l'électronique. Cette pulsation rythmique, ce sonar qui traverse deux morceaux et dont l'écho ne cesse de revenir hanter régulièrement tout l'album. Permanent Fatal Error ne rocke pas. Ou alors dans la retenue, en basant le rythme sur la répétition, jusqu'à créer une illusion de mouvement. Mais de cette musique, on retient surtout son caractère soigné, ce folk urbain parsemé de drones, voir effleurer le jazz le temps d'un B#side part2 parcouru d'une trompette à l'air classique. Une musique sans geste brusque. Juste l'aléa du changement intempestif mais sans fracas, une tension tissée patiemment. Le bois et l'acier. On ressent à l'écoute de Permanent Fatal Error comme un malaise. Une sensation de chaleur et de bien-être dans un environnement chirurgical et distingué. On est séduit et en même temps, on aimerait qu'il s'y passe plus de choses. Des brèches s'ouvrent. L'odeur qui s'en dégage est néanmoins des plus intéressantes.

SKX (04/12/2004)