SWITCHBLADE
s/t second album - CD
Trust No One 2002

Switchblade est un cran d'arrêt. Dans le vif de la traduction. A moi toutes les images sanguinolentes, pas de quartier, musique incisive, fine lame de la noise, j'en passe et des meilleurs. Sauf que pour ce coup ci, le trio suédois a perdu de son tranchant. Mais pas son intérêt. Entre chien et loup, Switchblade, connu pour la rapidité d'exécution de ses morceaux et le format expéditif de ses disques, rallonge la monnaie. Et notablement la durée des compos. Jusqu'à accoucher d'un titre de 17 minutes. Pas de blanc entre les titres, pas de fin, exit le début, fondu dans le grand nord. Une impression de masse, d'opacité et une unité de ton qui pourrait nuire à l'ensemble. Seule une écoute répétée permet la distinction, évite la sensation que tout se ressemble, tout s'annihile. Mais cet album sonne, de par sa construction, définitivement conceptuel, même si le concept reste primaire. Primaire dans le sens jeune chien fou. Autre évolution, l'urgence du propos. Switchblade ralenti à maintes occasion le rythme, la pression des guitares, le bruit généré perd en densité. Switchblade, à l'image du dernier album de Breach ou Neurosis, lorgne vers les ambiances sombres et envoûtantes plutôt que vers la vélocité et le coup bas dans les couilles. L'intensité n'a pas démissionné. Deux, trois passages vous rappelle à l'ordre. La guitare aime rester bloquée sur la même corde des secondes durant, vous égratigner les nerfs. Mais l'heure a sonné et elle est lourde. Reste ce morceau très long échoué en fin d'album. Dix-sept minutes et trente six secondes exactement. Répétitif à souhait, la tension monte tout doucement, explose à demi-notes, retombe dans l'hypnose. Switchblade aurait gagné à couper avant la fin. L'apothéose n'en aurait été que plus belle. Ce deuxième album est un sacré mur à escalader. Soit vous le passez en une seule fois et vous avez la journée pour vous en remettre. Soit vous échouez par manque d'oxygène et un élan insuffisant. Dans ce cas là, recommencez.

SKX (11/07/2002)