90 DAY MEN
To Everybody - CD
Southern 02

90 Day Men quitte définitivement le giron du noise-rock. Les débuts avec les comparaisons incessantes entre Albini et tout ce qu'il a pu engendrer comme rejetons sont un passé révolu. C'était déjà vrai avec leur précédent et premier album. Avec ce deuxième, ils poussent le bouchon encore plus loin. Le clavier, jusqu'ici relégué à un rôle de faire-valoir, utilisé comme simple arrangeur et diffuseur d'ambiance, devient un orgueilleux piano, la pièce centrale de la musique de 90 Day Men. Au détriment de la guitare qui s'éclipse et joue le rôle de remplaçant de luxe sur le banc de touche. Heureusement pour le rock, la rythmique reste dans les parages. Souple et féline, elle offre une ossature salvatrice. Le problème avec tout ces changements, c'est qu'on y perd en intérêt. C'est presque back to the seventies. Ray Manzareck est de retour, sauve qui peut ! C'est particulièrement flagrant sur We Blame Chicago et Alligator où, non seulement à cause du piano, mais aussi à cause des accords de guitare, qui s'amusent à remettre à la mode le pantalon moule-burnes et font couler le rimmel. L'ambiance générale sent la naphtaline et la fuite en avant est conseillée. L'album avait pourtant bien débuté avec deux morceaux qui gardaient le nerf de la guerre. 90 Day Men avec sa part de mystère, cette voix enjôleuse, ces ambiances sombres et tendues. Mais ils se sont perdus en route, ont cafouillé leurs gammes. Le piano n'en fait qu'à sa tête, et il en fait des tonnes. 90 Day Men, à trop vouloir se démarquer, risque de s'isoler dans sa tour d'ivoire. Dommage, car on sent que ce groupe a un réel talent, notamment la section rythmique, mais une utilisation plus appropriée du piano et un retour vers le présent les feront repartir vers un avenir qui s'annonçait prometteur....

SKX (15/04/2002)