TONE
Structure - CD
Dischord 2000

Si c'est ennuyeux après deux minutes, passe à quatre. Si c'est toujours ennuyeux, passe à huit. 16. 32. Et ainsi de suite. Quelqu'un finira éventuellement par trouver que ce n'est pas du tout ennuyeux mais très intéressant. Ainsi parlait John Cage, paraphrasant lui-même un concept bouddhique, repris à son compte par ce mystérieux orchestre à géométrie variable et qui s'auto-soustitre The Expanded Ensemble. Mais là où ce groupe se trompe, c'est d'appliquer cette phrase à sa musique. Pas besoin d'attendre les deux minutes pour se retrouver embarquer par leurs morceaux. Le nirvana, c'est tout de suite. L'idée de répétition des rythmes ou des mélodies est palpable mais on reste loin de la répétition estampillée Glenn Branca. Les guitaristes sont nombreux. On en dénombre six. Auxquels on ajoute un batteur et un bassiste. Et le cas échéant, pimenter tout ça de divers cuivres et d'un violoncelle. L'ensemble est riche et ne repose pas sur un rythme qu'on déroule à tout rompre, qui évolue très lentement à s'en décrocher la mâchoire dans un long bâillement d'ennui. La mélodie est centrale, les accroches multiples. Si le morceau est généralement long, l'évolution se suit s'en perdre le fil de l'histoire. Les rythmes se cassent sans nous les briser, les cuivres interviennent pour faire décoller la bête, les guitares tissent leur toile avec entrain sans garantir pour autant le mur du son, vu le nombre. L'ensemble est symphonique et léger. Du soleil de chambre. Conceptuel certes mais avec le sourire et de brillantes idées. Bizarre que de retrouver ce groupe sur Dischord. A cent lieues du style maison habituel. Un bon coup de torchon ne fait pas de mal. Godspeed You The Black Emperor les jours impairs. Tone les jours pairs.

SKX (18/09/2001)