4 WALLS
And The World Aint Square - CD
Red Note 2001

Une fois le toit volatilisé, restent les 4 murs. Tom Cora parti dans un autre monde, Roof opte pour un autre patronyme, se transforme en 4 Walls et change le violoncelle contre un piano, avec Veryan Weston assis derrière. Les trois autres murs restent identiques : Luc Ex à la basse acoustique, Michael Vatcher à la batterie et le déluré et très jeune dans sa tête Phil Minton. La nuit enterre ses fébriles ossements. Le rideau est tiré.
Les fondations, cependant, demeurent. Seules les pièces ont une atmosphère différente. La consonance du piano apporte forcément un grain nouveau par rapport au violoncelle. Une touche jazzy plus prononcée, voir un relent de cabaret au fond d'une ruelle débauchée. A se taper entre quatre murs, de la ballade qui s'achève en cavalcade, de la chansonnette nonchalante aux borborygmes, sifflements, miaulements, envolées lyriques poussés par le toujours étonnant organe vocal de Phil Minton. Cet homme fait ce qu'il veut de sa voix. Tout ce qu'il veut. Le poème de Ho Chi Mihn ou l'hymne de l'anarchiste, mis en bouche par lui, prennent à coup sûr un sacré coup de jeune. Les murs tremblent. Alternance de passages free ou posés, les ruées du batteur, les cascades du pianiste malmenant son instrument, le caressant la seconde suivante. 4 Walls joue les courants d'air. Free-jazz-rock libre comme le vent. Sage et emporté. Bouillonnant d'idées. Il est difficile de ne pas faire un comparatif avec Roof. L'ombre plane. De ne pas opposer l'émotion des cordes du violoncelle et les touches bi-couleurs du piano. La continuité sans la continuité.
Quelques pointillés plus tard, 4 Walls assume la transition, reprend les bases et sans changer de fond en comble les pièces, retouche la décoration avec doigté. Des musiciens orfèvres et matures qui avancent au feeling comme au premier jour. Non, leur monde n'est pas carré. Une boucle jamais fermée qui avance en regardant toujours loin devant eux.

SKX (06/09/2001)