KILL THE THRILL
203 Barriers - CD
Season Of Mist 2001

Avec ce nouvel album, on pourrait ressortir les mêmes qualificatifs que lors de la sortie de Low en 97 : lenteur et discrétion, que deviennent-ils, le frisson est-il définitivement mort et enterré ? Mais à croire que, tel un événement cyclique naturel, Kill The Thrill, tous les 4 ans, sort de sa tanière et propose 8 ans après son premier rejeton Dig, un 3ème album. C'est peu ! Mais Kill The Thrill a la peau dure et résiste à l'érosion. De cette fameuse vague bruitiste française aux débuts des années 90 et immortalisée par la compilation Serial Killers sur Roadrunner avec Deity Guns, Davy Jones Locker, Condense, Cut The Navel String, Treponem Pal pour ne citer qu'eux, les marseillais restent les derniers survivants ! Et se portent plutôt bien, merci pour eux ! Ne me demandez pas le secret de leur longévité, sinon une musique intemporelle. Kill The Thrill ne correspond à aucun courant musical précis. Ni hardcore chaotique, ni emo-violence, ni noise-rock ou post je ne sais quoi. Kill The Thrill n'est pas à la mode et passe loin au dessus de toutes ces basses considérations. C'est vieux comme le monde et aussi neuf que n'importe quelle musique actuelle. Une musique qui repose avant tout sur des compositions solides, des vraies compos, sombres, torturées, lyriques juste ce qu'il faut. Avec ce nouvel album, Kill The Thrill reprend ses travaux où ils les avaient laissés avec Low, sauf que c'est encore mieux que la dernière fois. Faut dire qu'ils ont mis le paquet avec cette fois-ci à la production, Michael "Swans" Gira, enregistrement direct à New-York et un duo de base guitare-basse mué en trio avec l'arrivée d'un deuxième guitariste. Le résultat est un son dense et riche. Une longue succession de 9 titres qui se prend d'une traite. Une longue coulée de lave orgasmique, une nappe d'une multitude de bruits qui charrie tout sur son passage. On s'immerge tout entier dans des ambiances envoûtantes. On part pour une longue descente sur un tapis de guitares. Un bloc qu'on se prend de face et qui marque au fer rouge. Une somme de chaleur qui se dégage comme sur l'épique Western, le très mélodique Crime ou le bien-nommé Breath. Et cette touche inimitable avec cette boite à rythme d'un autre âge, cet aspect froid au milieu du volcan, instrument presque anachronique mais complètement indissociable de l'univers de Kill The Thrill. Une boite à rythme à la programmation presque minimaliste dont l'opposé est la voix de Nicolas Dick, voix âpre et profondément touchante, voix d'écorché qui remonte de loin et vous noue les tripes. Un nouvel opus complet, maîtrisé de bout en bout pour un groupe atypique dont la musique se suffit à elle même. Un groupe discret pour une musique imposante, un groupe qui ne dévoile rien ou si peu et qui continue sa quête sonore, hors des normes. Leur richesse est à l'intérieur, sous cet amas de notes et de bruits, sous cette masse noire et dérangeante. A vous de comprendre ce que vous pouvez lors d'un voyage qui tient du sublime.

SKX (02/01/2001)