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FUGAZI / GUY PICCIOTTO
Après 15 ans de vie commune, la "carrière" du groupe de Washington D.C. semble à un tournant. Entre projets parallèles, nouvau groupe et break familial, le moment de faire un point avec Guy Picciotto, chanteur et guitariste de Fugazi. par e-mail, le 15 décembre 2003 | Interview par B. Où en est le groupe ? Est-ce que vous répétez toujours ensemble ? Travaillez-vous sur un nouvel album ou avez-vous d'autres projets ? Malheureusement
je dois dire que Fugazi ne répète plus en ce moment
La
dernière chose que nous avons faite ensemble était une tournée
du Royaume-Uni vers fin 2002. Peu après on s'est réuni et
notre batteur Brendan nous a informés qu'il voulait faire un break
parce qu'il allait avoir son troisième fils et qu'il voulait avoir
plus de temps avec sa famille. Savoir si Fugazi tournera ou enregistrera
encore reste une question ouverte. Personnellement je ne sais pas trop
comment les choses vont tourner. Cependant on est tous pris dans d'autres
projets
En ce qui me concerne, j'ai surtout pris part à la
production d'autres groupes comme Blonde Redhead et the Casual Dots. J'ai
aussi fait un concert au sein d'un groupe d'impro qui s'appelle International
Silence pendant un festival en Autriche. Ian s'occupe du label Dischord
et travaille avec son nouveau groupe the Evens. Brendan a travaillé
avec le groupe Garland of Hours et continue de travailler sur des BO de
film. Joe a récemment enregistré avec un groupe qui s'appelle
Decahedron et habite maintenant à Los Angeles. Qu'écoutes-tu en ce moment ? Y a-t-il des artistes contemporains que tu trouves intéressants ? J'écoute beaucoup de Derek Bailey, un guitariste d'impro du Royaume Uni. J'ai aussi vraiment apprécié la récente sortie des rééditions de Television -comme Sonic Youth, ils restent toujours aussi " frais " pour moi. Penses-tu qu'il y ait toujours une communauté underground à Washington D.C. (où le groupe est né) ? Les communautés underground aux Etats-Unis n'étaient-elles pas plus importantes au début des années 1990 ? On ne peut pas vraiment comparer -trop de choses ont changé, du point de vue sociologique, technologique et politique. Je pense qu'il y aura toujours un " underground " parce qu'il y aura toujours des gens dont les idées et la créativité s'opposent à la culture dominante, et ils créeront toujours, par nécessité, un espace pour se faire entendre. Mais il est certain que les contextes dans lesquels ces communautés opèrent changent à travers le temps. La question de savoir qui ou quoi est " important " est plutôt réservée aux historiens -je préfère me concentrer sur ce qui se passe de bien maintenant et mettre mon énergie là-dedans. Selon toi, quelle a été l'influence de Fugazi (au niveau musical, politique, etc.) ? C'est quelquechose
auquel je ne pense pas beaucoup. Quand Fugazi répétait,
je me concentrais sur le travail que nous avions à faire. C'est
vraiment cool que les gens se soient intéressés à
notre musique et que nous ayons pu établir des relations avec d'autres
groupes et des mouvements. Mais essayer de définir notre propre
impact ou influence est assez difficile à faire. Est-ce que c'est important pour toi que les gens lisent et comprennent les paroles de tes chansons (surtout sur des sujets politiques) ? Il y a des chansons assez virulentes qui ne semblent pas vraiment avoir de cible précise. Pourquoi ? Il y a longtemps,
j'ai réalisé qu'il était impossible de contrôler
la façon dont les gens réagissent à ta musique. Ce
n'est pas si important pour moi que les gens apprécient et comprennent
la musique de la façon dont j'aurais pu l'imaginer ou le prévoir.
Le fait que les gens y réagissent est suffisant, et je crois qu'en
créant la musique et les paroles, je donne une direction et c'est
la seule chose que je désire donner de toute manière. Selon toi, la création et le succès du label Dischord ont-ils poussé d'autres artistes à créer leur propre label ? Penses-tu qu'être sur un label indépendant signifie encore quelquechose aujourd'hui ? Je pense
vraiment que Dischord a servi de modèle et de base pour de nombreux
labels. Au sein de notre groupe même, Joe Lally et moi avons enregistré
des albums sur nos propres labels (Tolotta Records et Peterbilt Records),
qui ont tous les deux été inspirés de l'exemple de
Dischord. La plus importante leçon donnée par Dischord selon
moi est très simple : c'est qu'il y a d'autres modèles pour
l'entreprise, qui peuvent se concentrer sur des choses comme la documentation
et la créativité (NDLR : Dischord a été créé
pour " documenter " la scène de Washington D.C., selon
Ian MacKaye), et non pas être strictement basés sur le profit.
Pour moi c'est la différence fondamentale entre les vrais labels
indépendants et les principaux médias : l'idée que
la musique a une valeur autre que sa désignation en tant que marchandise. Est-ce que vous faites encore des concerts à Washington D.C. pour des associations caritatives ? Tous les
concerts que nous avons faits à Washington D.C. depuis 1988 ont
été soit pour une association, soit lors d'une manif. On
a travaillé avec beaucoup d'organisations, par exemple pour une
clinique gratuite, pour des organisations d'aide aux malades du Sida,
pour des organisations de défense des droits des prisonniers, pour
des manifs en face de la Maison Blanche et de la Cour Suprême, ou
pour des groupes d'aide aux sans-abris (entre autres)
Quelquechose à rajouter ? Jouer en France me manque beaucoup -nous avons toujours été porté par notre public là-bas et je voudrais remercier tout le monde pour le soutien que nous avons reçu en France pendant tant d'années. Heureusement, nous reviendrons d'une manière ou d'une autre. Pour avoir des infos sur le groupe, les gens peuvent s'inscrire sur la mailing list à www.dischord.com Merci. |
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