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<16|10|2009> Revendications Si une bonne année commence par de bonnes résolutions, une bonne rentrée commence par de bonnes revendications. Ceci est donc un appel à tous les groupes, labels, manageurs(es) et autres pourvoyeurs de musique gratuite sans pochette ou dans un vulgaire carton non recyclable (et c'est bien dommage vu la finalité de l'objet) : Merci de ne plus envoyer à ce modeste zine tout ce qui ressemble de près et même de loin à . à quoi ?? Je ne sais même plus comment qualifier ce truc là, toute cette musique post-heavy instrumentale, du post tellement post-rock qu'utiliser le terme rock est une infamie, tous ces plans merdiques dans le sillage de Isis, tous ces plans soporifiques qui prennent leur ennui pour de la béatitude, leur pathos pour du désespoir, leur sécheresse créative pour de la magnificence et leur trou du cul pour le centre du monde. Sans oublier tous ces putains de dinosaures que l'on croyait dépecés à jamais, tout ces relents de prog-rock seventies qui sent des dessous de bras, ce nouveau hard-rock des temps modernes qui posent derrière leurs tatouages une attitude hardcore alors que leur seul désir est de jouer dans les stades de foot une musique pour camionneurs aussi insipide et boursouflée que leur aînés. Vous n'aurez donc pas droit à une chronique du maître en la matière, les grands Isis. L'archétype du groupe qui avait très bien débuté sa carrière et qui n'a pas su s'arrêter à temps, tombant, avec leur dernier album en date Wavering Radiant (Conspiracy records, 2009), dans la tarte à la crème et l'auto parodie. L'exemple même du consensus mou. Idem pour Heirs (Denovali / Exo records, 2009), présenté pourtant comme le mariage parfait entre l'ombre et la lumière, la douleur et le désespoir de la dépendance contre l'exaltation de la liberté. Humour, quand tu nous tiens. Certes, Messieurs les Australiens (et la demoiselle à la basse), l'expression de vos sentiments exacerbés est retranscrit à merveille, on en pleurerait presque. On a entendu pire dans le style Explosions in the Sky en pleine descente de caisson d'oxygène (et quand ils parlent des Swans comme influence, j'ose espérer qu'ils parlent de la mélasse pseudo-mystique de Gira et ces comiques troupiers quand ils touchaient le fond de leur carrière). Mais pourquoi alors ai-je toujours la désagréable sensation d'écouter la bande-son d'un reportage de Nicolas Hulot sur le spectacle sans cesse féerique de la Nature ? Et avoir des envies de tisane après ? Passons à la vitesse supérieure. Celle où la notion de limite est dépassée, c'est-à-dire celle où le ridicule ne tue même plus. On en deviendrait presque admiratif. Je veux bien croire qu'on ne s'éclate pas tous les jours en Normandie mais bordel, quand on a 20 piges, qu'est ce qu'on fout à mettre de l'imagerie religieuse sur sa pochette et sans second degré, coller des paroles dont la lecture fait peur (La musique, fils d'Ariane, tant de voies, de lueurs ( ) par mes peurs, âme profonde, un ange pleure ) et de pondre une musique de bonnes surs ??!! Ya un truc que je ne comprends plus. Ou alors c'est ça, j'ai franchi le fossé, je suis devenu un vieux con et je ne comprends plus la jeunesse. Fini le rock, fini le majeur levé, place à Alkalys et son album Chur Delys (Basement apes ind. 2009), à la musique plate, vide et creuse, pire qu'une huître de Cancale après la marée noire. L'invitation au voyage sonore quand l'âme se rit de l'espace et du temps comme il le suggère dans leur prétentieuse bio n'est qu'une vaste fumisterie, leur guitare délicieusement folle (à mettre dans mon top ten direct des meilleurs expressions) est un pet sur une toile cirée et la seule chose que leur musique me suggère, à part l'ennui, est un grand abattement. Et une bonne crise de rire. Merci quand même. Dans un tout autre genre mais au résultat final identique, vous avez le deux titres de Izah et son autoproduction composée de Finite Horizon et Crevice, soit vingt-deux minutes et des brouettes qui sont au hardcore ce que André Rieux est à la musique classique. Oui, la Hollande est aussi à l'honneur dans cette rubrique. Quant à la Suisse, elle aura également droit de citer avec When Icarus Falls. Le label Get a Life ! nous avait déjà fait le coup avec Equus et The Evpatoria Report, il en remet une couche avec Over the frozen seas, soit trois titres de dix minutes chacun qui ne réchaufferont pas, c'est certain, les océans. Mer calme et morne plaine, rien ne bouge. Get a life ! qu'ils disent. C'est ce qu'on aimerait leur crier. Qu'il se passe quelquechose, qu'un minimum de vie se dégage de cette musique incolore, qu'on soit remué, en bien ou en mal mais que les tripes soient sur la table bordel ! Le bouquet final revient à la Belgique. L'Europe a vraiment du bon. Et retour à Conspiracy records, un label réputé pour son amour inconsidéré pour les musiques instrumentales, ambiantes et progressives (ils cumulent les tares mine de rien). Tout n'est pas à jeter dans leur catalogue, on leur doit quelques bonnes sorties (Knut, Shora, Maninkari, Rubbish Heap) mais il faut bien avouer que depuis deux, trois ans, c'est un label sur lequel je décroche. Ce n'est pas avec Master Musicians of Bukkake et leur album Totem One que leur cote va remonter. Le trip Katmandou, la danse de la pluie, l'invocation des forces cosmiques et la fusion avec la nature, même par sa face sombre, très peu pour mon karma. Un collectif de neo-babos de la cote nord-ouest américaine qui donne dans le rituel. Ils ont beau appelé ça No-Age, ce n'est ni plus ni moins que de la triste et pénible musique New-Age pleine de psychédélisme enfumé. Chez Conspiracy, ça tourne sévère aussi. Si ces quelques lignes ne vous suffisent pas, vous pouvez lire des chroniques là, là et encore là. Elles ont le mérite de détendre l'atmosphère et de bien cerner le problème. En attendant, la revendication commence à porter ses fruits puisque ainsi, vous avez pu échapper à quelques mots doux sur le dernier album de Switchblade et son chandelier qui jamais ne viendra apporter la lumière à ces obscures pages de grincheux. Mais
vous barrez pas, j'en ai pas fini. Parce qu'on aurait très bien
pu insister avec l'album The White face of Alison K. par Sons
of Frida sorti il y a presque un an. La France sait y faire
aussi en post pas rock du tout et ces huit titres, malgré quelques
décharges et accélérations qui les sauvent du pire,
vous font sentir comme un passager sur un tapis roulant du métro
ornant la pochette intérieure. Des moutons qui suivent le troupeau,
au coude à coude, foule droit devant elle à l'aveuglette,
ne surtout pas chercher à sortir du chemin.
J'ai
toujours soupçonné Constellation
records d'être un repère de bobos, fréquentant
trop les écoles d'art et prônant la révolution de
salon. Mais tant qu'ils nous donnaient du Godspeed you, du Hanged Up
ou le dernier Dead Science, on fermait les yeux. Leurs dernières
sorties nous les réouvrent. Et là, on voit quoi ? Rien
mais on entend hélas parfaitement les vocalises de Elfin
Saddle (le duo Emi Honda et Jordan McKenzie) sur leur album
Ringing for the begin again ou la rencontre de Enya, du théâtre
Nô et du folk bucolique rempli d'instruments aussi hétéroclites
qu'inutiles que Efrim Menuck (Silver Mt. Zion, Godspeed You) a vainement
tenté de tirer de sa léthargie. Autant dire que c'était
peine perdue d'avance. Si
Clues a su rester du bon coté de la barrière de l'acceptable
de mes faibles capacités en la matière, Tartufi
est passé outre. Leur album Nests of Waves and wire sur
Southern records découle d'une démarche identique mais
le résultat est trop plein de sirop. Un duo de San Francisco
qui donne l'impression d'être 20 là-dedans, plein de rythmes
multiples, de percussions, de carillons, de l'acoustique à se
pincer les fesses, des chants qui déboulent de partout et qui
font pas mine, le truc qu'on peut taxer d'ambitieux (j'ai hésité
avec le terme mature), ça se croise, ça s'envole et puis
surtout ça s'écrase sur un lit de pop psychédélique
moitié seventies, moitié pénible. 31Knots peut
dormir tranquille.
Partant de ce constat, Agaskodo Teliverek (qui signifierait Elevage d'étalons en hongrois) ne devrait pas plus me dérider les fesses. Mais de fun et de dansant, on passe subtilement à absurde et psychotique. Du coup la saveur est tout autre et leur premier album répondant au pittoresque nom de Psycho Goulash (Mindfinger records 2008) ne peut qu'en être rempli. Une grosse louchée. Tellement grosse que ça fait un paquet de temps que cet album à la pochette peu engageante traîne sous le coude. Trop d'absurde tue l'absurde et la tête ne retrouve plus sa queue. Dans ce groupe frappé par la malédiction de la chanteuse japonaise prise en sandwich entre trois mâles visages pâles (ça va devenir un concept), c'est fête foraine et ball-trap. Ca tire à vue sur le stand d'un Deerhoof ludique et punky sans que la chanteuse nous punisse du syndrome du chant aigue de vierge effarouchée typiquement asiatique avant d'attaquer le manège de l'Est, ces rythmes de polka frénétique et ces guitares qui valsent que l'on doit au hongrois de la bande (d'où le patronyme je présume). Un grand tour par le grand huit de Experimental Dental School, des jeux vidéos qui s'invitent au bal, des passages à la buvette parce qu'il faut bien souffler et une qualité fluctuante des quatorze attractions en piste. Mais dans la catégorie des groupes à japonaise qui se prennent pour des lapins Duralex sodomites où ça devient un peu trop systématiquement le même délire, Agaskodo Teliverek offre de nouveaux horizons et même si il reste du boulot, on guettera leur nouvel EP qui ne va pas tarder à débouler. Pour
la version mexicaine du lapin Duralex, il faut sonner chez Maniqui
Lazer. Oui, le Mexique est aussi à l'honneur. N'importe
qui a le droit de faire de la merde. Celle-ci porte le nom de I Learn
everything on TV, c'est sorti en 2006 chez Soundsister
records. Et le pire, c'est que cet étron, je l'aime bien.
Le disco-punk avec plein de synthés bourrés d'électronique
et un chicano hurleur. 16 titres en 23 minutes, moins de temps qu'il
faut pour franchir la frontière et voir si un label comme 31G
à San Diego veut bien de notre attirail de punks clandestins.
Dans tes rêves. Tu peux donc continuer à te la péter
en toute impunité à l'ombre de ton sombrero, à
gueuler des titres aussi con, aussi bon que Fat girls killing models
ou Tom Selleck moustache, de filer la hype et faire plus
américain que les américains, c'est ni pire ni mieux qu'un
XBXRX sous ecstasy mais juste aussi cocasse qu'un punk à chien
rose qui aurait choper la fièvre du samedi soir. Mais
pourquoi aller chercher le bonheur aussi loin alors qu'il est là,
à portée de main, dans votre chère Bretagne natale.
Il y a quelques jours, ce zine chroniquait pour la première fois
un groupe russe.
Pas besoin de faire autant de kilomètres pour faire exotique.
Suffit de pointer sur Douarnenez parce que c'est pareil, cette ville
n'est pas réputée pour être la Mecque du rock'n'roll
et ça vous fait le même effet que si on vous envoyait un
disque du Kazakhstan. Speedball,
ça fait pas très autochtone comme nom mais plutôt
punk-rock mélodique américanisé alors au lieu d'attendre
de voir débarquer un nouvel arrivage de sardines qui ont depuis
longtemps désertées le port, c'est une franche attitude
de punks à roulettes qui surfent sur la ria. Des punks qui on
mis du hardcore dans leur chouchen avec l'arrivée d'un nouveau
chanteur (et ça tombe bien, j'ai jamais entendu l'ancien) et
un punk-rock mélodique (que je n'ai jamais entendu non plus)
qui se durcit et devient moins basique. Bref, j'en sais fichtrement
rien comment c'était au début mais Three seconds
(Don't trust the hype, Oni Red chords, Craze records 2009), ce nouvel
EP 7 titres, c'est du carré, rugueux, efficace qui me laisse
aussi froid qu'une sardine en boite (même de Douarnenez) et que
je n'écouterais jamais plus. Encore plus près, carrément à domicile, à Rennes/Roazhon, vous avez Régis Boulard et son accordéon non son Chien Vert pour l'album Les Touristes (í éditions ! 2008). Et on va arrêter là de vous balader aux quatre coins du monde parce que ce disque, il aime pas les touristes (pourtant, la musique en compte beaucoup !!). D'ailleurs, on est tous des touristes qu'il dit Boulard, dans le texte à l'intérieur, et même qu'il est marrant son texte, enfin bien vu je veux dire. Je ne comprends pas tout mais c'est le sentiment qu'il fait passer qui compte, ce malaise sur lequel il pointe, qui nous titille tous les jours mais bon, on n'a pas que ça à foutre alors on passe à autre chose. Voilà, c'est comme sa musique avec Fromentin à la guitare et Méheust pour les trucs à claviers + la basse (Boulard lui, c'est la batterie). Cette indicible impression d'angoisse, tantôt teintée d'énervement, tantôt faussement apaisé, quelquechose de rampant et sournois qu'on ferait mieux de ne pas cantonner au jazz pour le seul prétexte que Boulard a traîné avec Paboeuf et Akchoté. C'est avant tout une histoire d'ambiance, de non-dit et de suggestion. Des bruits de rien du tout, des grincements, des agacements, des crépitations, évoquant autant un Brise-Glace qu'un vieux bluesman fatigué voir un Zëro sur le morceau Sur l'échine. Rien de tape à l'il, pas de monuments majestueux à visiter. Les Chiens Verts préfèrent les ruelles discrètes, la sieste qui nous pend au nez régulièrement à l'ombre d'une bâtisse décrépie, un parfum qui flotte dans l'air et l'air de rien, on suit comme un somnambule. Et si ya bien un voyage qu'ils proposent, il est à l'intérieur et comme ça c'est pas plus mal, ils emmerdent personne. Je
le sentais pourtant bien ce disque. Un beau digipack cartonné
épais, rouge, sobre, sur un label basque (Bidehuts
records) qui avait déjà fourni du Lisabö, ça
sentait la bonne surprise. Hélas, le deuxième album de
Willis
Drummond est un pétard mouillé, un comble pour
un groupe basque. Quelque part - mais c'est flou - entre AC/DC pour
le moins pire et le rock pour lecteurs assidus d'Abus Dangereux courant
historique pour le moins pire aussi. On retrouve dans ce groupe le batteur
de Monarch et feu-Rainbow
of Death mais n'allez chercher aucunes connections. Ici c'est punk-rock
mélodique et rock'n'roll old-school. J'ai rien contre les trucs
à l'ancienne mais de marbre je suis resté.
Pour rentabiliser au mieux son envoi, le label finlandais Sideeffect avait cru bon glisser le cd de Phenomenal Creature avec celui de Baxter's Stockman. Peine perdue. Tout juste peut-on souligner la grande diversité de ce label Le violon est de sortie, la guitare acoustique itou et sur les grandes étendues glacées de Finlande, glisse un folk-rock d'une puissance rare. J'en veux déjà pas quand ça vient d'Amérique alors en importer de Finlande Toujours
au nord mais un peu plus au sud, les Danois de Late
Night Venture ont tout du Dans le genre indie-pop-rock pimpant et gentillet, vous avez aussi The Trouble with you (Blue Worm records 2009), le premier album du trio américain Porcupine. Mais eux ont la décence de ne pas se prendre la tête et péter plus haut que leur cul, ce qui donne, outre de faire du bien à ses articulations, un disque joliment fade. Ils ont beau durcir parfois le ton et la rythmique, donner une coloration noisy, c'est terriblement propret. Un disque donc entièrement tourné vers la mélodie (logique implacable pour un disque pop), mais quand elles sont toutes d'une banalité affligeante, sans saveur, exécutées avec un sourire colgate sans même une petite pointe d'acidité, t'as pas l'air con. Avoir un ex-Don Caballero et Six Horse au générique, ça vous titille forcément le neurone. Pat Morris n'est pas le plus connu des ex-quelquechose mais son jeu de basse sur les deux premiers Don Cab et l'unique album de Six Horse laisse un souvenir tenace et un arrière goût de reviens-y. Hélas pour nous et pour lui, si il n'a pas perdu sa vista, il n'est pas entouré d'un Bill Baxter ou d'un Damon Che (même ivre) et le nom de son nouveau projet The Poison Arrows et leur album First class, and forever (File 13 records 2009) n'aura pas la résonance de ces groupes passés. Rien de désagréable en soi, s'écoute sans sourciller et c'est bien là le problème. Manque de nerf, sans colonne vertébrale, qu'une seule basse n'arrive pas à relever/entailler de ces frêles épaules. Trop de synthés, d'effets de studio, un goût de chimique, des ambiances cotonneuses se perdant dans des méandres inutiles. J'ai beau remettre l'ouvrage sur le métier, le CD finit inlassablement dans le boîtier. Et ne va pas y ressortir de sitôt. On ne peut nier que Black Cock rock. Non seulement ce nouveau groupe d'Austin le souligne dans l'adresse de leur site mais en plus, vu l'énergie déployée à exécuter leurs onze morceaux, ça serait faire preuve de mauvaise foi que de dire le contraire. Bon, c'est pas la mauvaise foi qui étouffe ici mais ne tentons pas le diable. Mais une fois l'énergie fumante posée sur la table et le coq dépiauté, il ne reste plus grand-chose. On aurait pu utiliser une autre métaphore que le coq pour ce patronyme à double sens, surtout quand il s'agit de la poser sur la table mais restons polis. Va pour la section rythmique - ou plus précisément la batterie toute seule puisque point de basse - solide, carrée. C'est l'habillage autour qui coince. Une guitare qui s'efface trop souvent au détriment de keyboards nombreux, envahissants, omniprésents et des effets pas toujours du meilleur goût, une légère accointance avec Brainiac mais sans la folie meurtrière et puis des voix à l'avant à défaut d'être à l'avenant. Que ce soit celle de Whitney Lee, la chanteuse principale ou celle du guitariste Chico Jones qui évolue quelques octaves à peine en dessous, énervées, évanescentes ou trafiquées, elles pèlent le jonc que je n'ai pas noir. Et puis finalement, ce disque ne rock pas tant que ça. Black Cock nous gratifie de passages qu'ils qualifient eux-mêmes de sci-fi core, le truc censé planer haut dans les airs, te faire découvrir un autre monde merveilleux à l'aide de synthés généreux et qui s'écrase à la fin parce que c'est beaucoup de bruit pour rien. L'album se nomme Robot child with a god complex (Australian Cattle God records 2009), ça ne veut rien dire et cette musique n'est pas loin de signifier la même chose. Beaucoup
plus signifiants, les sept titres de Les
Pritz sous le nom de
To The Prior (Salottino Prod
2009 et une ribambelle d'autres labels !). Les Pritz, c'est pas allemand,
ni autrichien, encore moins alsacien mais italien. Et bien au sud. La
Sicile qui aime les gâteaux sablés, on aura tout vu. En
tout cas, dans ce coin de l'Italie, on est friand d'une autre spécialité,
le rock-noise quasi-instrumental comme d'autres autochtones (Uzeda,
Three Second Kiss, etc
) et ce n'est pas nouveau. Les Spritz ont
choisi la version allégée et alerte. Ou ça enchaîne
rapidement et sans complications inutiles, évitant toute flatulence
de fin de repas et avec une forte allusion à une ligne de basse
de Jesus Lizard sur Prader Willie. Et puis vingt minutes, c'est
vite passé, c'est l'avantage des amuse-gueules en attendant la
prochaine fois un plat de résistance plus conséquent.
Bonne mise en bouche.
Où on allait reparler de post-rock et sortir les crans d'arrêt. Mais L'Homme Puma est bien plus félin et ruse pour contourner le problème et les revendications. Pourtant, ils ont tous les poncifs dans le garde-manger. Le tout instrumental, le rock qui tire sur les ambiances, les arpèges à tout va, les montées, les descentes mais ya un je ne sais quoi qui le fait. Des éclats noise, un son enrichi et fouillé, un virulence sous-jacente et une nervosité qui vient contre balancer des passages plus mièvres comme le veux le style et que j'adore et des développements à n'en plus finir alors qu'un bon coup de griffe dans la bande s'imposait. Même les samples, cliché du genre, ne me gêne pas plus que ça. Parce que ça fourmille de bruits non identifiés, de claviers discrets, de pets électroniques qui ne sentent pas, de parties qui s'enchaînent sans forcer, On Remplace les Yeux Cassés (Communication is not word / Things get worse records 2009) le nouvel album du trio parisien arrive à se frayer un chemin dans une jungle pire que celle de Calais et qui ne semble pas prête à être démanteler. Alors quitte à s'en taper encore des kilomètres de post-rock cinématographique, autant que ce soit fait à la sauce Puma. A Poitiers, pas de Puma mais Epileptic. Un vieil animal plus proche de l'ours, qui hante le décor musical français depuis 10 ans, ne sortant de sa tanière qu'avec parcimonie et toujours sans faire beaucoup de bruit. Une grosse bestiole discrète, à moitié mal léchée qui préfère le travail brut et la tradition que les affres de la mode. Leur monde a toujours été construit sur un punk-pop-rock de facture classique, pour toujours faire plus ou moins le même album. Genre Lungfish des marais poitevins. Le truc pas bandant pour un sou. Avec leur quatrième album A Piece of eternity (Picore / Théâtre, Rejuvenation records 2008), ça va pas aller en s'arrangeant. Pour capter l'attention, leur secret résidait dans la composition, l'art de torcher une bonne petite mélodie de derrière les fagots et, sans artifice, vous emmener en ballade, tranquille, à la fraîche. Sauf que cette fois-ci, l'inspiration est en berne et qu'à force de vouloir épurer les morceaux pour aller à l'essentiel, on se retrouve à gueuler dans le vide. Et Sam Balin le chanteur sait très bien faire ça. Une voix encore plus présente et mise en avant me semble-t-il et forcée aussi qui oublie de faire passer le frisson. Autant sur les précédents albums, j'arrivais à trouver mon compte, autant là, c'est le désert, plat, aucunes accroches valables, voir des morceaux très limites. On a le droit de ne pas être inspiré, avoir des jours sans alors on va laisser passer et on attendra qu'ils retrouvent la flamme. Ou pas. L'exemple
type d'envoi promo qui ne te donne pas envie. A tel point que je viens
juste de m'apercevoir, quelques minutes avant de taper ces lignes, que
dans la pochette plastiques avec le cdr du split Taciturn
/ Anemone,
un autre cdr s'y était glissé, celui de l'album, le deuxième,
de The Third Memory. Et ça fait bien six mois que ça traîne
dans la poussière. Si Anemone est taciturne, c'est surtout parce
que ce sont deux groupes. Dans la vraie vie, ils sont juste pénibles.
Je crois bien que dans une autre vie, j'ai aimé le screamo-hardcore
mais pas le boutonneux. Le brutal, celui pour homme, qui puisait ces
racines dans le punk plutôt que le pré-pubère, Baudelaire
qui pleure sa mère et que la vie, tu vois, elle est trop pinjuste.
Tous les poncifs/codes du genre sont là mais c'est léger,
tellement léger, sans consistance, sans force qu'on n'arrive
pas à croire à une demi-seconde de la folle intensité
qu'ils voudraient communiquer. Alors qu'ils soient français (Taciturn)
ou suédois (Anemone), c'est le même combat (on va s'épargner
le jeu des sept différences). Jusque dans la mort puisque qu'on
apprend avec soulagement que ces deux groupes sont désormais
fucking dead.
Le fait que Reuno, le chanteur de Lofofora, soit derrière le micro de Mudweiser n'a rien à voir avec le fait de ne pas aimer ce disque. Tout le monde a droit à une seconde chance. Mais un album qui se nomme Holy Shit (Head records 2009), c'est tendre des perches. Pour ma part, j'aurais enlevé Holy et remplacé par Big, ou Very Big. Non, ce qui m'a fait tout de suite serrer les fesses, c'est le sticker 100% stoner rock en gros sur le plastique promo. Je crois bien que je préfère encore me taper du screamo-hardcore pré-pubère que ces soli ignobles (pléonasme) de guitares hard-rock, cette impression d'écouter ZZ Top déguisés en rockers fangieux plutôt que Lynyrd Skynyrd, des gros bofs de pacotille pastichant une mauvaise série Z (pléonasme aussi ?) portant très mal le chapeau de cowboy et la chemise western (surtout à Montpellier). J'ai sans doute tout faux mais c'est ignoble à entendre. Ou alors j'ai un humour de merde. Pour finir (ou presque et si vous avez eu le courage d'arriver jusque là), encore une couche de post-rock instrumental, qui tel un serpent de mer, revient vous narguer. Impossible de s'en dépêtrer, c'est irrémédiable, la jeunesse d'aujourd'hui est perdue à jamais, toute une génération de foutue, faudra encore attendre pour la coupe du monde. Sounds of the I sont les gagnants de la dernière heure. Un album self-titled en autoproduction (mais ils cherchent un label) où en fait, c'est certes instrumental mais pas franchement post-machin truc. Un gros mélange de metal, milieu d'où les trois membres semblent puiser leurs racines, tout en sonorités claires, une prétention jazzy et de la complexité comme si ça coulait de source. Comme si il ne pouvait pas en être autrement que de montrer sa maîtrise technique au détriment d'un début de commencement d'émotions dans cette machine bien huilée mais complètement stérile. Une débauche de cheveux longs headbanguant et ne collant pas sur une musique toute proprette et finalement très sage. Mixture idéale pour feu Guitares & Claviers. Et fans de Santana. Enfin,
je ne voudrais pas terminer cette rubrique sans une touche d'optimisme
avec Sorry
for Yesterday (album Sunshine Connection, Sorry records
2009). A l'est, il n'y a pas que la Triple Alliance, du stupre, du foutre
et du mauvais alcool. Il y a fort heureusement pour la jeunesse d'aujourd'hui
des exemples, des jeunes gens flashy qui aiment sincèrement les
boules à facette, qui (attention) : Voilà pour les revendications de la rentrée. En n'oubliant pas la bonne résolution pour la prochaine humeur massacrante : faire plus court !!!! Tête de Gondole (16/10/2009) |
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