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<23|12|2005> Dans mon petit soulier, je serais dans de beaux draps. En cette
veillée de Noël, vous êtes en panne d'idées,
vous ne savez pas quoi offrir à votre vieille tante qui pique
? Rien de tel que le bon CD discographique, ce produit miracle de la
consommation moderne vendu à prix cassé, cette bonne overdose
de musique qui regroupe le meilleur du meilleur, les inédits
introuvables qu'on se demande comment on faisait sans et qui vous évite
de débourser des fortunes sur e-bay pour acheter ce qui épatera
les amis. La totale de Sardou ou Starmania étant épuiser,
Tête de Gondole accourt à quelques jours de la ligne d'arrivée
fatidique avec dans sa hotte une ribambelle de cds qui, j'ose l'espérer,
piquera de curiosité tout vos invités. C'est Tati qui
va être contente. Si votre vieille tata qui aimait vous fesser recherche un brin d'exotisme, vous pouvez également glisser la compilation de Melt-Banana (13 hedgehogs MxBx singles 1994 - 1999, A-Zap records 2005). Même principe que précédemment. Des singles introuvables, tirés à trop peu d'exemplaires et qui retracent toute l'évolution musicale des Japonais. De leur tout premier 45 tours Hedgehog en 1994 à leur 45 Dead Spex en 1998, ce sont en tout 56 morceaux étalés sur 13 singles ou split singles, voir un split 10'' avec les Islandais de Stilluppsteypa que ce CD vous dévoile. Une discographie à rendre fou n'importe quel record geek puisque depuis 1999, Melt-Banana en a sorti pratiquement autant. Et on ne compte pas les titres éparpillés sur des compilations ! Pire que des lapin(e)s, nos Japonais(es) ne peuvent à chaque fois accoucher de morceaux d'anthologies. Nombres de ces titres restent assez anecdotiques. Ils profitent de ces formats courts pour également expérimenter, passant des compos ultra courtes et ultra classiques à des morceaux bidouillés, multipliant les collaborations avec les bouseux de Plainfield ou encore Discordance Axis. Une compilation pour les fans insatiables et à conseiller aux épileptiques si jamais vous n'aimez pas les épileptiques. Profitons d'être aux antipodes pour aller faire un tour en Nouvelle-Zélande. Un double CD de The Clean qui date déjà de 2003. Mais avez-vous déjà essayé de traverser les océans avec des rênes ?! Ce n'est donc seulement maintenant que je découvre que ce groupe pop atypique a sorti une Anthology sur bien sûr Flying Nun records. Imaginez donc ! The Clean existe depuis 1978. Autant dire qu'ils ont de quoi dire. The Clean, c'est le meilleur de la pop Néo-Zélandaise. Un croisement parfait entre la nervosité des Feelies et le spleen des Go-Betweens avec cette classe indéfinissable qu'ont la plupart des groupes de cette île du bout du monde. On retrouve ici les légendaires EP Tally Ho, Boodle Boodle Boodle (enregistré par Chris Knox) et Getting Older, ce dernier marquant la fin du groupe en 1983 pour mieux le ressusciter. En 1989, un nouvel EP, un très bon album Vehicle et c'était reparti pour un tour ! Tous ces disques parfaits ainsi que des inédits et des raretés se trouvent coincés sur ces cds qui seront toujours trop petits comme vos souliers pour accueillir ce groupe immense ! Restons dans le passé même si leur musique est à peine ridée. Theoretical Girls a eu une très courte existence, entre 1978 et 1980, la pleine époque du No-Wave, étiquette dont sont affublés moult groupes new-yorkais actuels (à tort ou à raison, je vous laisse seul juge), les Liars en tête. Des membres dont les noms à l'époque ne disaient rien qui vaille mais qui ont fait leur chemin par la suite, notamment celui de Glen Branca (guitare) et Wharton Tiers (batterie). Avec Jeffrey Lohn (chant) et Margaret DeWys (synthé / chant), ils sont un témoignage bigrement très intéressant de l'agitation punk qui sévissait à NY fin 70's aux cotés de DNA, James Chance and The Contorsions et Teenage Jesus and The Jerks. Mais la pauvreté de leur discographie (un seul 45 tours !) n'a pas permis à ce groupe la reconnaissance qui lui échouait légitimement, notamment pour avoir influencé un groupe noise majeur des années 80 : Sonic Youth. A l'écoute de certains titres, on comprends mieux d'où débarquaient la bande de Kim Gordon qui du coup font moins office d'OVNI. Après de multiples recherches, Acute records a réussi a dégoté des enregistrements cassettes, des pirates live et sort la totale avec l'unique 45 tours en 2002. Je sais, ça date mais j'aime bien avoir un train de retard vu que je viens de découvrir ce groupe en 2005 ! La qualité de certains de ces enregistrements est à la hauteur des fonds de tiroirs qu'il a fallu fouiller pour dépoussiérer ces compositions mais l'ensemble se tient parfaitement, photographie instantanée d'une époque musicale où tout était à (re)créer, spontanée, immature et en perpétuelle recherche, bref du punk et du bon. Back to le présent avec New Brutalism. Si vous avez une botte toute crottée derrière le sapin, glisser y ce disque posthume. Les indécrottables New Brutalism ne sont pas la pâle copie de Shellac comme on veut trop souvent les réduire mais l'influence est là, certes. Du coup, c'est le vilain petit canard, le truc qu'on cache au repas de famille. Sur cette compilation nommée 2001-2003 et sorti par Lujo records en 2005, on retrouve le single sur Hand Held Heart records, l'album A record of american fury sur Code of Ethics et le seul disque que je n'avais jamais eu l'occasion d'écouter venant de leur part, le EP quatre titres Turbo Jet. Appelé ainsi car le groupe voulait que ce soit leur disque le plus rapide et tranchant. Du coup, ya comme un p'tit air de AC/DC qui s'invite à table avec toujours Shellac dessous la nappe à faire des saloperies. Du bien brutal et cadencé qui n'enlève en rien la sale haleine que ce groupe possède pour la vie. Mais ma vieille tante, l'haleine fétide, elle aime. Et j'aime ma tante. A l'heure du grand décompte final, quand Noé rameutera toutes ses brebis sur son arche, Cream Abdul Babar fera parti des oubliés. De la race des seigneurs sanglants, genre, au hasard, Unsane, ces New-Yorkais avait une personnalité forte et ultime et plus d'une corde à leur arc. Aux confins du hardcore le plus torturé et du bruit le plus dur avec un petit air de trompette, CAB était un must de sauvagerie fine ! Ce double CD (Excavation : 1995 - 1998 sur Guilt records 2005) se propose de faire un retour sur le début de leur carrière avec leur 1er album The Backwater Of Masculine Ethics un plus tantinet punk-rock que la suite ainsi que le 45 Buried In Broken Glass et le split avec I Guard The Sheep (et moi mes chiens) plus un cadeau bonus sous forme de remix. Mais le meilleur album reste quand même le deuxième album The Catalyst To Ruins sorti en 2001 sur At A Loss records. Paix à leur âme. Si vos moyens financiers approchent du néant, tentez votre chance avec la compilation à bas prix de Gold Standard Laboratories : Golden Grouper volume 1 sorti en 2004. Que des inédits de groupes en devenir et qui ne demandent qu'à s'inviter à votre table. La crème de la crème californienne dixit GSL, dans le triangle Los Angeles, San Francisco, San Diego où viennent se perdre avec délectation Die Princess Die, 400 Blows, Wives, Dmonstrations, Swann Danger pour les groupes qui me sont connus et qui offrent d'excellents morceaux. Pour les révélations et les groupes à suivre, citons New Collapse et son hystérie collective, Gasoline Please, jeunes morveux bruyants mais présentables tout comme 24k Gold. Même la new new wave n'est plus si nouvelle que ça à force mais ces jeunes groupes comme Tender Button, The Boy Explodes, The Weegs ou Black Ice (à ne pas confondre avec Black Dice) mélange habilement le passé avec le présent. Une compilation de qualité qui ne se contente pas de nous fourguer du vieux pour du neuf. Des inédits de qualité et des tas de découvertes pour frimer au pied du sapin. Si vous désirez vous fâcher définitivement avec votre famille, offrez leur du Racebannon. Surtout quand la durée d'un Racebannon s'étire sur deux long CDS ! S'écouter leur noise-rock mi-hystérique mi-psychédélique et ne rien dire sans broncher n'est pas de nature humaine. The Inevitable Singles And Rarities 1997-2005 sur Alone records est un golghota difficilement franchissable. Durant ces neuf années, Racebannon a dissémimé aux quatre coins du globe des tonnes de 45 ou split singles. Des champions du monde hors catégorie. Ajouter deux inédits, quatre versions démos, secouez bien mais pas trop et vous avez la dose qui calme. Sans oublier des reprises à l'origine sur des albums tribute comme Death Valley 69 de Sonic Youth, Sabbath Bloody Sabbath de Black Sabbath et un tribute à Captain Beefheart dont ils sont les dignes fils en version noise et vous comprendrez ce que douleur signifie. 105 minutes de pur bonheur avec des vrais morceaux d'anthologie dedans. Offrez les frapper. Pour la bûche, on va quand même garder du lourd. Un hommage aux Melvins sous le nom de We Reach : The Music of The Melvins sur Fractured Transmitter records 2005. Et pour tenir la comparaison, il fallait des groupes à la mesure de leur démesure. Dillinger Escape Plan, Isis avec Agoraphobic Nosebleed (le duo tendre), Mastodon, Pig Destroyer, Eyehategod, High on Fire et Keelhaul. La liste est longue. 18 groupes qui bavent et qui éructent dans le sillage des maîtres. Mare (groupe d'Hydrahead) commence à contre-pied pourtant avec une reprise tout en douceur de Nightgoat. Ça sera le seul moment d'accalmie . avec le morceau de clôture, une version rap et rigolote (oui les deux sont possible) de Prince 2. Entre les deux, du lourdingue qui fait fuir ou comment faire passer les Melvins pour un vulgaire groupe de tâcherons de hard-rock. Ou du sublime avec la collaboration Isis/Agoraphobic Nosebleed, plus lourd et suintant que l'original. Pour les autres, je vous conseille les originaux car l'ensemble est bien laborieux. Il faut s'appeler les Melvins pour sonner aussi puissant et lourd sans la graisse sur les cotés. Bûche de plomb et joyeux noël en perspective. |
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