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Tropical Trash
Southern Indiana Drone Footage – LP
National Waste Products 2019

On peut prendre le problème par tous les bouts, se demander à quel râtelier Tropical Trash préfère manger, de quel bord penche le groupe de Louisville, le constat est que tout ça ne sert à rien. Tropical Trash écrit des morceaux punk sacrément racés, point barre. Post-punk, garage, noise-rock ou avant-rock du siècle dernier, Spray Paint ou Wire, Tropical Trash balaie tout ça d’un revers de main et signe avec Southern Indiana Drone Footage un second album qui regorge de classe insolente.
Le second constat est que les dix compositions de cet album avancent sur un front beaucoup plus uni que sur UFO Rot. Excepté Circling AT&T… It Takes A Train To Fuck aussi cryptique que son titre et surtout ennuyeux comme un instrumental vaporeusement bruitiste de cinq minutes, Tropical Trash ne présente plus de double ou de triple personnalité et sculpte un album bien plus cohérent. Tropical Trash louvoie toujours entre plusieurs styles mais finit par trouver ses propres marques.
Southern Indiana Drone Footage présente également beaucoup plus de finesse et de clarté. Tropical Trash est toujours capable de bordel et de faire honneur au deuxième terme de son patronyme. La deuxième guitare qui s’appelle ténor raffûte dans les angles, le synthé crisse sous les doigts et souffle dans la clarinette qui aurait mérité d’être encore plus présente un tourbillon qui t’entraîne jusqu’au bout de la nuit. Et ce n’est que le début de soirée.
Pour autant, Southern Indiana Drone Footage file droit sans laisser de crasse inutile sur les bas cotés. Les perturbations sonores ne polluent pas le propos mais l’enrichissent d’une épaisseur craquante ce qui fait que le groupe peut tailler tranquillement et avec une élégance nouvelle des morceaux étoilés rapidement addictifs, des perles punks aussi croustillantes que du Hot Snakes – les cinq premiers morceaux qui déroulent comme un tapis rouge sont là pour en témoigner – avec en point d’orgue S.I.D.F. qui se croit sur la ligne droite des Hunaudières sans les chicanes, généreusement haletant et qu’on voudrait que ça ne termine jamais.
Mais on aime aussi quand Tropical Trash ralentit et complexifie (légèrement) la donne comme sur Country Gift ou Enemy Slab, éclate les plans pour mieux retomber sur ses pattes, insuffle de la furie tout en gardant cet allant mélodique qui fait la force de cet album, des trépidations qui ne s’éparpillent jamais tant Tropical Trash semble savoir où aller et comment nous y amener. Fait bouillir la marmite.
Les nombreux changements de personnels ne changent rien. Le noyau dur composé de Ryan Davis et Jim Marlowe (guitare, basse et chants) garde le cap, les portes sont toujours ouvertes pour les anciens membres qui co-signent la majeure partie des morceaux bien qu’ils n’ont pas participé à l’enregistrement du disque, les nouveaux sont au taquet et Tropical Trash réalise un disque de feu de Dieu. En plus, c’est la première référence de National Waste Products, soit le nouveau label de Ben McOsker qui tenait auparavant à bout de bras la boutique de feu Load records. Tous les astres sont alignés.

SKX (22/02/2019)