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Spray Paint And The Rebel
Charles And Roy's Purple Wang – LP
Ever/Never records 2018

Troisième volet des collaborations de Spray Paint. Quatre si on compte celle avec Dan Melchior sous le nom de Contributors. Cela a commencé avec Ben Mackie (Cuntz) puis le trio texan a enchaîné avec Protomartyr et maintenant place à l'Anglais ou Écossais (ça dépend des sources) Benedict Wallers, chanteur-guitariste de Country Teasers. The Rebel est son projet solo depuis 1991, parfois accompagné de la bassiste Sophie Politowicz de Country Teasers qui joue de la batterie avec The Rebel et sous ce patronyme, Wallers a sorti plus de trente albums, souvent uniquement en cassette mais aussi des vinyles pour Sacred Bones ou Monofonus Press ainsi que de multiples singles. Alors un disque de plus ne va pas effrayer le bonhomme.
Et ça tombe bien, ses partenaires de jeu sont également des stakhanovistes de l'enregistrement. Il n'a donc fallu que quelques jours en août 2017 en Belgique pour mettre en boite les sept morceaux de Charles And Roy's Purple Wang plus une autre session en février 2018 en Australie pour le chant, le mixage et quelques overdubs afin de finaliser cette rencontre au sommet. Un sommet qui se mérite.
La ligne droite n'est pas leur trajectoire préférée. L'humeur est vagabonde. Le chemin erratique se dévoile lentement sous des couches enfumées et grésillantes. Les guitares sont tremblotantes. Les chants narcotiques se mélangent, sonnent parfois bizarrement, sont plus souvent parlés. Les claviers (synthé, piano, orgue) maigrelets ne vont pas tarder à rouler en bas de la pente ou explosent sans préavis en plein vol. De drôles de bruitages rétro-futuristes mettent le doute. Comme un synth-punk-garage disloqué mais conservant par je ne sais quel miracle un bienveillant parfum entêtant, The Fall et Devo partant en goguette sur la face cachée de la lune.
L'aspect rugueux et mécanique de la rythmique de Spray Paint se retrouve sur une bonne partie des morceaux, servant ainsi de garde-fous pendant que The Rebel joue les perturbateurs et balance son humour décalé. Alors il est parfois permis de décrocher mais il est aussi autorisé de se laisser enivrer par des répétitions vicieuses et barbues (Mitch Mitch Mitch) arrivant à ressembler à un simili hymne drogué (Look ! Air, Innit ?), par des triturations inquiétantes et froidement prenantes, de succomber au charme titubant d'une compo comme Let Me Hit Whitney Houston's Last Joint (quel titre !) et, de façon plus générale, se laisser porter par l'imprévisibilité et la douce folie et étrangeté de cette collaboration entre deux entités qui se sont parfaitement trouvées.

SKX (09/01/2019)