john
petscare


John
Out Here On The Fringes – LP
Pets Care records 2019
God Speed In The National Limit – LP
Pets Care 2017


Ayant raté le train en 2017 avec le premier album de John, c’est l’heure du rattrapage avec le tout nouvel album Out Here On The Fringes qui suit de peu la réimpression (la troisième) de God Speed In The National Limit sur leur propre label Pets Care records et dont les (deux fois) deux cents exemplaires initiaux avaient rapidement trouvé acquéreur. John, un duo anglais (Londres, Crystal Palace pour être précis) avec un nom d’une banalité extrême (tellement plat qu’il en devient original) parce que les deux protagonistes, à cours d’idées, se prénomment John tous les deux. Pas facile de se faire un nom avec ça. Et pourtant, ce duo guitare-batterie avec du chant commence à faire parler de lui grâce notamment à un support de poids qui a pris le groupe sous son aile en première partie d’une tournée et n’hésitant pas à clamer sur tous les toits que John est grand. Ce support s’appelle Idles. Un soutien à double tranchant tant Idles peut parfois agacer. Alors si on peut noter une certaine affinité musicale entre les deux groupes, la relation va s’arrêter là.
Car John est un groupe de furieux qui à deux fait bien plus de bordel qu’à cinq sans chercher à arrondir les angles et les refrains fédérateurs. John ne néglige pas la mélodie (John n’est pas anglais pour rien) mais elle est salement malmenée et gangrenée par une attaque punk-noise virulente. John ne dédaigne pas les accroches mais pose des limites à sa séduction et préfère jouer les jeunes chiens fous ruant dans les brancards. John, ça serait plutôt l’affiliation Mclusky et USA Nails, du genre punk bruyant avec un brin de malice, des gars ne se souciant ni de complications ni d’embrouilles pour monter dans le bolide en ayant pris soin d’avoir démonter la pédale de frein au préalable et négocier toutes les chicanes avec agilité. C’est de l’acier trempé n’empêchant nullement la flexibilité et une osmose guitare-batterie parfaitement huilée. Bagarreur mais avec du cœur.
Le guitariste Johnny Healy joue les magiciens pour faire sonner son instrument comme une basse et inversement, la faire cracher du feu, l’enduire d’une épaisse couche de distorsions, sortir le riff qui cingle tout en amenant des sonorités triturées. Et comme le chant (principalement du batteur John Henry Newton avec quelques gueulantes de l’autre John) est du genre à imiter le tonnerre, Out Here On The Fringes est un album particulièrement cohérent, une succession de roquettes directes, volcaniques et très abrasives. Excepté le spleenesque Midnight Supermarket avec du spoken-word lointain de la part de Deborah Ann Fantini, John balance du court qui mord les chevilles (Dog Walker et le violon de Rosanna Dean qu’il faut deviner tout comme il faut tendre l’oreille pour entendre le saxo de Chlöe Herington sur Future Thinker et ne pas le confondre avec le bordel de la guitare) en un minimum de mouvements mais aussi des morceaux plus longs et touffus qui éclairent tout autant (Laszlo, Out Here On The Fringes).
John, retenez bien le nom de ce nouveau groupe anglais qui fait encore hurler de bonheur la scène noise anglaise.








Deux ans plus tôt, le fameux Wayne Adams au Bear Bites Horse Studios s’occupait déjà de John en mettant en boite God Speed In The National Limit, tout comme il l’a fait pour Out Here On The Fringes. Un duo dont le premier enregistrement remonte à 2014 et qui, trois ans plus tard, était fin prêt à rentrer en studio et tout saccager. John est chaud-bouillant et le démontre avec force et détermination. Quelques traces de synthé comme sur Ghost Printer afin de doper le son et le propos de John qui pourtant se montrait très véhément et conquérant. Sept titres qui tournent en 45 tours, un album court et incisif. Il restait à élever le niveau général de compos cependant déjà très affûtées, ce qui a été fait pour Out Here On The Fringes. Et si vous craquez sur John, le single Local Blood Sport/Spies sur Too Pure records en 2017 est fortement à conseiller.

SKX (16/11/2019)