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Girls Pissing On Girls Pissing/Log Horn Breed
split LP
Muzaï 2016


La Nouvelle-Zélande, ça fout les glandes. Comment un pays aussi petit, si loin de tout peut sortir autant de disques qui comptent ? Pourquoi on peut pas se téléporter et y aller quand on veut, bordel ? Dernière lubie du kiwi, un album partagé entre Girls Pissing et des nouveaux venus qui font mal d'entrée, Log Horn Breed. D'ailleurs, on va commencer par eux. Christchurch, quand tu traduis, ça fait de la peine à ton agnosticisme. Pour ça que Log Horn Breed est aussi diabolique. Le ver est dans le fruit. Un proto-noise-rock pourri de l'intérieur. Rien que Interesting Times ou Ode To Hell devraient filer la chair de poule à n'importe quel être un tant soit peu socialement intégré et qui aime manger à heure fixe. On sent bien un petit air de Birthday Party dans la guitare mais le reste, c'est une musique de sourd avec un chanteur qui a vu la queue du Malin. Le monsieur a vraiment l'air perturbé. Un psychopathe du micro qui déverse toute sa démence pendant que ses trois acolytes jouent avec le feu et tapent sur la ferraille récupérée dans la décharge du coin. Tout en lancinances abjectes et éruptions revêches. Toujours à deux doigts de chaos avec un batteur qui donne plus l'impression de taper sur des tôles que sur une vraie batterie et une basse ressemblant à une porte de prison gondolée. Une musique d'autistes, nihiliste, sauvage, qui ne s'embarrasse pas de détails et six titres offrant une vue imprenable sur ce qu'il y a de plus noir dans les entrailles de la bête. Autant vous dire que ce nouveau groupe a fait un terrible effet. Je les adore déjà.

Girls Pissing On Girls Pissing n'est pas du domaine de l'inconnu. Pas à pas, chaque sortie est scrupuleusement suivie. Avec ces trois titres inédits, Girls Pissing replonge. Si vous aviez peur que les Néo-Zélandais d'Auckland se brûlent les ailes à trop frôler le soleil sur un dernier album moins glauque que d'habitude, rassurez-vous, le quintet fuit à nouveau la lumière. Trois longues compositions qui n'ont même rien eu d'évidentes aux premières écoutes. Girls Pissing ne donne pas une branche pour s'accrocher. Jamais le groupe n'a paru aussi labyrinthique. Aussi peu désireux de mettre en avant un bout de mélodie pour caresser une bribe d'espoir. L'onirisme latent laisse la place à une froide détermination, des non-dits qui glacent le sang. Le titre des huit minutes de The Great Disappointment n'est aucunement synonyme de notre déception face à cette nouvelle livraison mais traduit le sentiment d'un groupe lucide et résolu à ne pas s'en laisser compter. Le tableau encore plus noir que noir. L'éclat d'une musique singulière dont on pensait commencer à comprendre les ficelles brille sous une diagonale dont l'inclinaison révèle un nouveau point de vue. Ça reste du Girls Pissing mais le groupe a les crocs et ces nouvelles compos montrent une ambition nouvelle ne cherchant définitivement pas à caresser dans le sens du poil, travaillant sans filet et sans artifice. Juste la confirmation d'un groupe au talent unique et qui n'a pas fini de nous faire rêver même si ça ressemble à un cauchemar éveillé.

SKX (20/09/2016)