sneers
brigadisco


Sneers
For Our Soul-Uplifting Lights To Shine As Fires – LP
Brigadisco 2013

Publié en décembre 2013, For Our Soul-Uplifting Lights To Shine As Fires est le premier album du duo italien Sneers. Maria Greta Pizza à la guitare et au chant. Leonardo Oreste Stefenelli à la baguette pour la batterie et au pinceau pour la peinture illustrant la pochette. La première chose à laquelle j'ai pensé en écoutant Sneers, c'est de me dire qu'on avait trouvé les Drive With A Dead Girl transalpins. Même s'ils vivent à Berlin. Sonorités de guitare pour lesquelles il va être difficile de ne pas citer Sonic Youth tout comme pour les Lillois, approche également sur le fil du rasoir et dépouillée, instrumentation aride. Après, les comparaisons, ça vaut ce que ça vaut mais il y a comme un air de famille donnant envie de rapprocher les branches généalogiques, un envoûtement né d'un sentiment identique où la fragilité côtoie le revêche, les mélodies décharnées vibrantes sous les froides dissonances. Après, le combat suit son cours. Chacun ses armes et Sneers se débrouille très bien sans personne.
Neuf titres, neuf histoires d'ambiances, neuf fois le temps de se dire que c'est à peu près toujours la même (d'ambiance) mais les écoutes répétées révèlent de multiples détails, de multiples pics qui rentrent dans la chair, de multiples introversions qui finissent par exploser répandant leur venin fatal. Neuf titres, longs développements narratifs tournant tous autour des cinq minutes, des morceaux avançant comme des histoires et à en croire la vidéo de Self-Atoning Apostasy, ce ne sont pas de jolis contes de fées. Pluies acides, guitare de traviole, accords ténébreux, arpèges névrosés, rythmes décousus imitant l'accident, cymbales et autres éléments percussifs cinglant l'air et contrebalançant les roulements de toms, complaintes chantant l'agonie, la colère ou l'abandon avec ces cris qui restent coincés au fond de la gorge, on aurait vite fait de raccrocher Sneers au mouvement no-wave. Mais le duo possède sa petite mélodie interne, ses élans de lumière, un spleen à couper au couteau, un truc lancinant qui finit par complètement obséder, comme un mouvement répétitif mais qui avance toujours irriguant une tension continuelle qui rend dingue. Et quand ça éclate brièvement au détour d'un As A Creator I Bet You Did Create Disease, c'est pour mieux basculer à nouveau dans un monde de non-dit. Musique minimale, humeur sombre, violence contenue utilisée comme un harpon, magnifiques accords décadents, For Our Soul-Uplifting Lights To Shine As Fires mérite son nom et allume de drôles de lumières aveuglantes qui mettent le feu à notre petit cœur.

SKX (20/02/2015)