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Art Of Burning Water
Living Is For Giving... Dying Is For Getting – LP
Riot Season/SuperFi 2014

Faisons les comptes : ce Living Is For Giving... Dying Is For Getting est le cinquième album d’Art Of Burning Water en dix ans. Un album très court, certes, genre pas plus de vingt minutes et un vinyle qui tourne à la vitesse de 45rpm… mais un album quand même. Nombreux sont celles et ceux qui avaient découvert ce trio basé à Londres et issu de l’immigration (Pakistan et Iran) avec son précédent disque, le très épidermique et très percutant This Disgrace. Un album qui semblait pousser le hardcore-noise-metal d’Art Of Burning Water dans ses tout derniers retranchements. Et bien c’est perdu. On avait déjà eu la puce à l’oreille avec The Humiliation Process, un 7’ de cinq titres ultra courts que le groupe a publié fin 2013 puis avec un split partagé avec Isolation Tank (été 2014) et cela se confirme aujourd’hui avec Living Is For Giving... Dying Is For Getting : rien ne semble pouvoir arrêter Art Of Burning Water.

Sur Living Is For Giving... Dying Is For Getting la musique du groupe est encore plus rapide, encore plus lourde, encore plus épaisse, encore plus bouillonnante, encore plus bruyante, bref, elle est encore plus violente. Le chant devient réellement démentiel, parfois proche d’incantations black metal (si si, écoute un peu It’ll All Make Sense When We’re Dead pour voir) ou aussi porcin qu’un hurleur de grind peut l’être. Le nom d’Art Of Burning Water est alors à prendre au sens propre : le groupe brûle tout sur son passage, rien ne lui résiste et l’allégorie inconcevable de mettre le feu à ce qui ne devrait pas pouvoir l’être ressemble de plus en plus à une réalité, incontournable, inévitable, presque totalitaire. Totalitaire ? Oui… parce que voilà une musique qui n’a pas d’alternative, tout comme je pressens que les trois musiciens d’Art Of Burning Water estiment qu’ils n’ont eux-mêmes pas le choix, c’est cette musique là qu’ils doivent jouer, coûte que coûte – et les notes de l’insert de citer fort à propos le bout d’une chanson de Smokey Robinson, Dance To Keep From Crying, une référence musicale qui n’a pourtant rien à voir avec Art Of Burning Water et une référence qu’alors je trouve encore plus intéressante.

Mais si j’en crois certains titres du disque (Happiness Always Ends In Tears par exemple ou le susnommé It’ll All Make Sense When We’re Dead) le pessimisme, le désespoir, le nihilisme et la haine semblent être les principaux moteurs du groupe. Ils ressortent constamment, violemment, de façon éprouvante. Et je ne raconte même pas les paroles : Wear Your Blemish As Badges / Coax The Make Believe From Your Life / Because This Reality Is Not For You. Je pourrais continuer longtemps comme ça, longue litanies de désespérances et de colères explosives. Jusqu’au nom de l’album en lui-même et son double jeu de mot entre For Giving et Forgiving et entre For Getting et Forgetting – un titre qui, quel que soit le sens où on le prend n’a rien d’engageant. Noir c’est noir. Et c’est tout. Living Is For Giving... Dying Is For Getting ne me met pourtant jamais mal à l’aise. Sa violence finit par réchauffer, tout comme elle sert d’exutoire aux membres du groupe. Le rejet des autres affiché par ceux-ci (on peut lire sur la page bandcamp du groupe Art Of Burning Water love what they do and therefore need not be loved for what they do) ainsi que la revendication de leur statut d’immigrants (Art Of Burning Water are a steroided immigrant noise punk outfit that does not need to be loved to live) débouche, logiquement, sur ce slogan sans appel et qui marque le verso de la pochette du disque : When Your Country Hates You… Take Up Arms. Insurrectionnel et définitif.

Hazam (11/02/2015)