Everyone's Dead Before They Leave
A Tribute To The Cherubs - CD
Unfortunate Miracle 2013

Courageuse et périlleuse entreprise. Collecter et gérer vingt reprises de la part de vingt groupes différents qui ont toutes les bonnes raisons du monde pour vous filer leur morceau en retard parce qu'on sait très bien que les groupes, c'est tous des branleurs, je dis chapeau ! Surtout que ce genre de projet n'atteint jamais des sommets hautement qualitatif. Mais bordel de merde, ce sont les Cherubs quand même !! Un trio texan qui a sévit entre 1992 et 1994. C'est peu me direz-vous mais suffisant pour avoir marqué au fer rouge toute une bande de dégénérés élevés au grain noise et punk. Et c'est justement à un fan que l'on doit ce tribute. Un membre de Beige Eagle Boys, nouveau groupe qui va sortir imminemment sous peu son premier album sur Reptilian records (et qui va faire causer dans les chaumières !). Initiative très louable que les groupes ici présents lui rendent bien. Dans l'ensemble. On sait tous pertinemment bien que - attention, rengaine - les covers ne dépasseront jamais les originaux. Mais les groupes sont là pour se faire plaisir et certains groupes arrivent parfaitement à le communiquer ce putain de plaisir sans prétention. Kevin, guitariste des Cherubs, en est le premier reconnaissant à en croire ses notes du livret, lui qui vient de fêter ses 50 balais, heureux et touché de voir toute sa descendance rendre hommage à son groupe de jeunesse et qui aurait même pu se reformer pour un ATP si ils avaient cédé aux avances de Les Savy Sav.
Au rayon des belles satisfactions, les Italiens de Dead Elephant, Cani Sciorri (groupe dont je n'ai jamais entendu parler mais qui donne envie d'en savoir plus avec leur mordante reprise sous le grêlon de Zip-Up Boots), les Français de Gershwin & Fire avec un chant très mélodique et clair collant merveilleusement bien à une reprise coulante de Animator dont le chant, à l'origine, n'était pas clair du tout ! Les valeurs sûres avec les Croates de Joe 4 ou les Américains de Sinking Suns avec ce rythme de batterie diabolique sur la fin de Carjack Fairy. Comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, Beige Eagle Boys y va aussi de son morceau (Chanukka, du Cherubs comme si on y était). Et puis tous les autres, groupes inconnus jouant avec la même crasse et le sens de l'abandon que Cherubs (Patheticism, Honeyburn), voir spécialement montés pour le coup, blague d'un jour à jamais gravée. Des reprises fidèles aux originaux, comme les susnommés mais sans la transcendance qui va avec, des curiosités ou des relectures qui n'ont pas les Cherubs dans l'ADN. Le galop quasi acoustique de Cockhorse reprenant Dovey et finalement pas si mal que ça. Dirty Power qui donne un éclairage Nirvanesque au morceau Venus Flytrap, ce qui ne m'avait jamais sauté aux oreilles à l'époque. Saucefaucet qui la joue tendresse et passion. La reprise techno-trash par Sitz Brau du particulier Baby Huey avec son gimmick d'enfer, la version country-blues de Orange Julius par Smooth Companion, le bidouillage électro ludique de Yesticles sur Fed et le très long final punitif bruitiste de The ChristPunchers (The Big Groovy pas groovy du tout du tout).
Ces reprises donnent surtout envie de remettre la main sur ces vieux vinyles des Cherubs, ce qui avait été fait il ya peu de temps à l'occasion d'un Art of Losing consacré à Icing, premier album des Cherubs. Ce n'est pas l'album le plus représenté sur ce Tribute, le second Heroin Man détient la palme mais également Short of Popular, compilation de singles, raretés et inédits réalisée toujours par Trance Syndicate, deux ans après la fin des Cherubs. Si vous habitez en Europe, n'hésitez pas à commander ce CD en contactant Gershwin & Fire et surtout, écouter et réécouter les Cherubs, le meilleur groupe du monde l'espace d'une compilation.

SKX (19/06/2014)