selam

Selam
Into Blisters Into Bits - CD
Self-released 2013

Toulouse 2013. Selam sort son deuxième album. Comme Nowhere, premier album sorti déjà sept ans plus tôt, n'était jamais parvenu à mes oreilles, c'est vierge de tout a priori que j'aborde ce groupe dont je n'ai strictement jamais entendu parler. Miséricorde et dure loi du marché.
Avec à la guitare et au chant Widy Marché, un ancien Expérience, Selam présente tous les signes d'un groupe possédant de la bouteille - dans ces cas là, des gros mots comme maturité sont utilisés - et Into Blisters Into Bits est un disque solidement en place, bien charpenté, un rock-noisy robuste et à émotions. Aussi costaud d'extérieur que fragile à l'intérieur. A l'image des basques de Lisabö avec qui ils ont réalisé deux disques collaboratifs en 2003 et 2005 et dont je n'ai toujours pas entendu parlé (re-miséricorde), le rock de Selam allie rudesse et passion, bourrasque épaisse et finesse du trait sur un mode plus marqué par le rock indé US, entre Nirvana, Jawbox et Buffalo Tom. Les deux guitares font du bon boulot, la tension est rarement frontale bien qu'elle sache s'échapper par des vannes salvatrices, les cassures et changements d'humeur sont nombreux, le chant charnel et abrasif est un atout majeur et Selam possède le sens de la composition joliment torchée, tour à tour compacte et aérienne. Et quand il s'agit de mettre les freins et diminuer le volume, Selam sait faire aussi avec des morceaux introspectifs comme Cover me up et ses gazouillis d'oiseaux derrière les arpèges, Carry on ou The Hole qui a des faux-airs de The Somnambulist.
Selam mène avant tout son affaire avec le cœur plutôt qu'avec les muscles, montrant de la sensibilité derrière les attaques rageuses, la mélodie sans cesse en point de mire. Si deux ou trois titres sur les douze sont un peu un ton en-dessous, Into Blisters Into Bits est un disque largement prenant et convaincant, la simplicité et l'amour du travail bien fait pour une musique qui n'en rajoute jamais. Cette fois-ci, j'ai bien noté leur nom. J'espère ne pas attendre encore sept ans avant d'entendre parlé à nouveau de Selam.

SKX (11/09/2013)