KULARA
Fragmental Remembrance, A Switch Of Resurrection, And My Hearing Vanished - CD
Molaire Industries 2002

La nouvelle bombe japonaise s'appelle Kulara. Après les toujours jeunes Zeni Geva, les feux-follets de Melt-Banana, les apocalyptiques Atomic Fireball et Envy, les chéris de nos coeurs, s'ajoute à la table de ce festin princier Kulara. Pas presser d'en découdre avec le monde extérieur, il aura fallu attendre l'heureuse initiative du label français Molaire Industries (rebaptisé Waiting For an Angel records) pour que Kulara quitte l'anonymat de son archipel et éclaire notre morne quotidien. En fait, deux enregistrements se retrouvent réunis sous un même boîtier. 5 Piece Songs et A Naked Landscape. Et presque deux années les séparent. Le premier nommé pose les bases. Sans vraiment les poser! On les sent déjà à la frontière de styles multiples, le cul entre plusieurs chaises. Et si on est encore loin de l'éclatement du second disque, leur style c'est ça, c'est de ne pas en avoir. Ou alors si, des dizaines, tout et rien à la fois, tellement qu'à la fin, ils ont crée leur propre langage. Avec dans leur abécédaire, des mots comme noise, emo, hardcore, free, math-rock, mélodie, complexité. Sur ce chemin, "5 piece songs" les montrent encore timide. Les racines et l'énergie hardcore / emocore sont encore bien présentes. Mais des morceaux comme Fate ou Two Suns Day ouvrent la route et tutoient les anges. Cinq titres qui n'ont rien à envier au lyrisme d'Envy, avec une production moins dense mais tout aussi fulgurante, épurée et puissante à la fois. Et puis arrive A Naked Landscape. Terre vierge où tout est permis. La cogitation a dû être terrible! Kulara prend de la hauteur, du recul. Et devient une dangereuse machine novatrice et incontrôlée. Deux morceaux qui dérapent au-delà des dix minutes. Explosion in-vitro des styles, tout se confronte, cohabite. La grande culbute. Et comme les deux titres s'enchaînent, vous avez le droit à une maîtresse pièce. De quoi revigorer les plus blasés. Des passages emo crié, un calme piano inquiétant, des guitares qui crissent ou qui flattent les tympans. De folles envolées qui vous laissent pantelant. Avec un don et une facilité déconcertante pour rendre le tout limpide et attractif de bout en bout. Kulara lutte dans la catégorie "hors-concours". Ne s'impose aucune limite, aucune norme. Ni dieu, ni maître! Sinon Kulara!

SKX (15/04/2002)