<25|08|2012> Triste sire

Un concerné n'étant pas qu'un imbécile encerclé (merci Pierrot), il faut se remettre dans le bain et sérieusement considéré - qui n'est pas forcément un abruti s'étonnant de tout - la pile de disques flasque et morne n'ayant pas bougé d'un pouce depuis des mois, sauf dans le sens vertical, à force d'empilement de médiocrité et de lassitude crasse. Avec des Syriens qui explosent des records olympiques de vitesse sous les balles de l'affairisme, Phil Collins qui n'est toujours pas mort et le dur chemin de la rentrée, comment ne pas être d'une humeur massacrante.

Qui n'a jamais ressemblé à un gland avec des espadrilles ? C'est la honte ce truc, c'est moche et en plus ça daube alors quand une misérable pochette cousue main dans ce tissu honni avec un nom qui fait fourcher la langue - Espardillos - débarque à la maison, ça ne peut partir du bon pied. Coup de pompes qu'il s'appelle ce CD 100% auto-produit de la part d'un duo basse-batterie originaire d'un peu partout de la France mais semblant avoir fini par posé ses valises à Paris. Un duo qui a le coup de pompes rugueux, proche d'un vieux Sabot tchèque et à vrai dire, elle aurait tout pour me plaire cette paire. La basse envoie le gros grain, les cassures ne se départissent jamais d'un bon vieux groove montrant le chemin. Pas d'extrapolations inutiles, ça reste détendu de l'orteil tout en marquant son territoire d'une saturation et d'une rudesse ensoleillée. Mais c'est comme à la plage. Je m'emmerde assez rapidement. C'est bien joli tout ça mais c'est quand même bien plat. Convenu et sans la petite vague de folie qui nous sortirait de notre torpeur de vieux loup de mer. Il a beau recevoir, un peu partout dans les zines, des lauriers dont on ne tisse pas les espadrilles, j'attends toujours qu'Espardillos me mette un coup de pied au cul. Ca viendra peut-être en concert, un jour…

Par contre, un groupe qui ne me mettra jamais un coup de pied dans le fondement, c'est Mastervoice. Question de style. Le duo de Périgueux a beau être un duo batterie-basse, leur style n'est pas le noise-rock hystérique qui en fout partout mais fait irrémédiablement penser a un bon groupe de hardcore mélodique. C'est dégueulasse. Six nouveaux titres sous le nom de Instrument-Transition (Some Produkt, Kicking et Smalltones records 2012) faisant suite à Avalanche, premier album qui n'avait déjà pas provoqué une cascade d'euphorie. Mastervoice a en plus mis une bonne couche de vernis en allant enregistrer au Black Box avec Peter Deimel. C'est donc encore plus ample, plus nickel, plus rien ne dépasse. Après, si on arrive à dépasser le double chant mis en avant et aux mélodies de taulières de resto routiers, on peut déceler un brin de tension et de noirceur, quelques parties intéressantes comme sur Ink Blood ou le très apaisé Instrument qui a la très bonne idée de réduire les voix au silence. Pour le reste, Mastervoice aboie, la caravane passe.

C'est la première fois que j'ai du débourser de l'argent pour retirer un disque chez notre charmante Poste nationale, un expéditeur indélicat et anonyme n'ayant pas assez affranchi son courrier. Les temps sont durs. Quand j'ai vu que c'était un disque de Crash Taste, j'ai tout de suite regretté mes 1€80. Les temps sont durs. Pour tout le monde. J'avais le souvenir (assez vague il est vrai) d'un groupe de punk-rock mélodique en provenance de Poitiers. Pour Poitiers, la mémoire est bonne. Pour punk-rock mélodique, beaucoup moins. Ou alors si mais pas façon (feu) Seven Hate à roulettes dont un membre sévit dans Crash Taste mais lorgnant plus vers Washington DC, l'écurie Dischord ou Jawbox, avec un minimum d'angulosité et ne donnant pas envie de sauter immédiatement sur un skate pour emmerder le brave passant. Le Tigre à 5 Pattes (Sicksack records 2012) est leur nouvel album après un paquet d'années de silence et s'avère franchement moins pénible que l'instant où l'enveloppe s'est déchirée pour laisser apparaître ce putain de digipack avec un artwork signé Tanxxx. Après, ça reste encore une histoire de style mais Le Tigre à 5 Pattes comporte suffisamment de mélodies accrocheuses et bancales, de petits défauts qui en font tout le sel, d'honnêteté et d'aspérités pour ne pas (trop) regretter ces 1€80.

Le langage de [P.U.T] me parle déjà plus. Un vieux langage de metal, de punk, d'indus, de noise, de machines et de bruits rampants luttant contre l'épaisseur des guitares/basse, d'une boite à rythme comme on n'en fait plus contre des voix belliqueuses, voir d'outre-tombe (hélas), une vie comme des bêtes après la bombe, la grosse, et un sac d'os qu'on a connu plus en forme. Like Animals (Pogo, Dismember records 2012), c'est le retour dans les années 90, cinquième album d'un duo de frangins écartelé entre Paris et Bruxelles, toujours dans la zone d'ombre et continuant vaille que vaille à poursuivre cet idéal de sonorités qu'ils ont dans la tête depuis des lustres. Ils n'en démordent pas, ça un gout d'anciens dans la bouche, de Godflesh, de Pore, de Hint, de Kill The Thrill ou de Binaire en mode metal. Un gout de répétitions, lacérations, sirènes dans le lointain, d'usines, de centrales nucléaires. C'est tellement ancré dans le noir et le sordide que ça ne décolle jamais. Malgré les sons qui me plaisent, les compos de [P.U.T] ont toujours été trop académiques, trop convenus, la boite à rythme est tristement programmée et Like Animals, comme leurs précédents disques, a un gout d'inachevé et de gâchis. Finalement, le langage de [P.U.T] ne me parle pas (plus) trop.

Restons dans le monde de la poésie avec Urine et leur album I Love Pipi. Au moins, ça le mérite de parler à tout le monde, esprit scatologique ou pas. Urine, ça ressemble à une cours de récré, un défouloir voir une pissotière pour trois membres du beaucoup plus sérieux Lab° dont un membre (Dylan Bendall) sévissait aussi dans Schoolbusdriver (quoiqu'il faille (faillu) utiliser à nouveau le présent puisque Schoolbusdriver vient d'annoncer sa reformation). Cependant, I Love Pipi n'est pas un disque merdique comme on aurait pu le croire. Certes, pas de quoi pisser dans un violon mais ça a le charme d'un sympathique concours entre potes avinés à qui pissera le plus loin (ménage ses chaussures). Ça pisse en cadence (21 morceaux en 24 minutes) des ritournelles punks dont le timbre de voix de Bendall rappelle encore et toujours celui de Jello Biafra. Ca se pisse en sifflotant avec moultes bourrades dans les cotes, ça se pogote gentiment, ça arrose les plates-bandes des Clash (Leisure Time), des Pogues (What a lovely teapot), ça se pisse aussi parfois dessus, du punk 77 en mode alternatif franchouillard 80's évité d'extrême justesse, je passe mon tour. Plus généralement, Urine pisse à la raie de tous les pisse-froid.

Continuons sur le registre humour & chanson avec le gai-luron de la chanson française, Séb Radix, animateur social chez Kabu Ki Buddah, despote éclairé du zine Joie de Vivre et Nouille en Salade et du conglomérat Rock'n'Roll Masturbation, label qui vient de sortir avec les multinationales de l'artichaut, Pure Pain Sugar et Echo Canyon records, son projet solo sous le nom lamentable de Seb & The Rhââ Dicks, cette famille de brassicacées (bras cassés ?) étant composée de Pedro de la Hoya à la batterie et Nod Off à la guitare. Bon, je crois que j'ai tout dit parce que pour le reste, Séb Radix le dit mieux que quiconque (donkey) avec des sous-titres explicatifs en-dessous de chaque titre sur ce 45 tours tournant en 33. "Rock engagé" pour Do you (really) want to live in Switzerland ?, du "punk-rock" (pas de base) pour Johnny Weissmuller, du "rock" (pas de base) pour 35, de la "pop rythmée" (de crooner) pour Zob Scene et une "ballade rock FM" pour You're my Milf qui n'a rien de bandante. Bref, la déconnade et le huitième degré sont une seconde nature pour Séb Radix mais ça me donne autant envie que le gâteau bleu saupoudré de mégots de cigarettes posant pour la pochette.

Autre troubadour à l'humeur désinvolte, Les Pelvis Enragés. Il était ma sœur possédait ce trouble indicible et une sexualité incertaine. Artaud a Tort, leur nouvelle production, ne réitère pas ce trouble et c'est la folie qui est incertaine. On retrouve ce chant, cette logorrhée verbale incompréhensible bien que chaque mot soit distinctivement audible. La forte présente des synthés est toujours d'actualité pendant que le couple guitare, batterie fait ce qu'il peut pour participer au débat, c'est-à-dire pas grand-chose sauf pour tartiner des plans prog-rock comme sur le début de Mona Lisa. La seule nouveauté, c'est un accordéon sur deux titres (yen a quatre en tout) mais son apport n'a rien de prépondérant. Bref, ça suinte pas le bonheur et si c'est la folie qui était visée, elle est laborieuse et se perd dans les méandres de compositions sans issue.


Je ne doute pas un seul instant que la démarche de Chocolate Pain est d'une sincérité à toutes épreuves, de leur investissement sans faille, tout comme celui du Conseil Général de l'Isère et, en gros, de toute la région Rhône-Alpes qui semble s'être donné rendez-vous sur le projet de ce trio grenoblois, de leur ambition à créer un disque original, à la puissance évocatrice inégalée, un projet dans lequel le trio croit dur comme fer, pour preuve les nombreuses relances par mail du groupe pour savoir quand ce modeste zine va chroniquer leur œuvre. Mais comment leur dire, sans vouloir vexer personne tout en restant poli, que leur album Bliss est mortellement chiant ? Un opéra-rock de soixante-dix minutes, que dis-je ou plutôt, c'est eux qui le disent, un conte, un album concept qui retrace l'histoire de deux âmes perdues à la recherche d'un bonheur fantasmé et intouchable, de ceux qui essaient de les retenir, de ceux qu'ils entraînent dans leur folie… J'ai fait quoi pour mériter ça ? Le chant est atroce, qu'importe le ton qu'il emploie, c'est maniéré, prétentieux et là je ne parle pas que du chant mais de l'ensemble des 21 compositions dont pas mal d'interludes censés raconter une histoire. La variété des ambiances est une tromperie et je ne pensais pas que ce soit encore possible qu'un groupe de personnes qui ont l'air pourtant jeune et bien portant puisse pondre encore de nos jours un truc aussi lénifiant. Misère en Isère.


Maintenant qu'on est lancé, on ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Franchissons allègrement l'Atlantique pour aller à Portland, chez Why I Must Be Careful, le genre de truc qui ne me vient jamais à l'esprit, surtout quand on me sert de l'expérimental-jazz-prog-rock de mes couilles. Faisons n'importe quoi, y'aura bien quelqu'un qui trouvera ça intéressant, dans le doute. Leur album se nomme Honeycomb, c'est de l'auto-production (encore heureux qu'aucun label n'ait voulu sortir ça) avec deux titres de 17 et 19 minutes. Je me demande encore comment ce disque a pu atterrir ici ?! Le seul intérêt aurait résidé dans l'emballage. Une sortie vinyle limitée à 100 exemplaires dans un truc en bois ressemblant aux alvéoles dans les ruches, un objet de malade qu'ils ont eu la lucidité de garder pour la vente uniquement (si jamais ils en vendent un jour), se contentant d'un modeste CDr et d'une pâle photocopie pour la promo. Je ne peux leur en vouloir.


Mais ya mieux. Eric Baylies, principal instigateur de Baylies Band déclare que ce groupe a commencé il ya dix-sept ans à la suite d'une prise d'acide, d'un peu de fumette et d'un rêve. L'acide et la weed sont partis depuis longtemps mais le rêve est resté. J'aurais tendance à croire qu'il reste encore de bonnes traces de substances interdites chez ce brave Eric. Leur nouvel album se nomme All Clowns No Lions (75 or Less records 2012) et se contente d'être une seule longue tirade de 53 minutes. C'est étrange, j'ai toujours imaginé que c'était typiquement le genre de musique que des personnes jamais descendus de leur trip seraient capables de produire. Sur ce point là, Baylies Band ne nous déçoit pas mais c'est pas donné à tout le monde de faire du kraut-rock de qualité supérieure.


Détendons nous un brin avec Harold Martinez. Un type originaire de Nîmes, ex-bassiste de Clan Edison (jamais entendu parler) et dont le premier album, Birdmum (Socadisc 2012) se chauffe au bois d'un rock funeste et tourmenté sorti de la hotte du prêcheur David Eugene Edwards et son 16 Horsepower ou Woven Hand dans une version minimaliste. Le Martinez semble jouer de tous les instruments et surtout d'un banjo et d'une guitare, accompagné par une batterie, soutenu par des chœurs et d'autres sonorités qu'on jurerait tirer d'une basse ou de claviers. Il a beau étiqueté son projet de folk, c'est tout de même du folk amélioré, du folk incantatoire, bordurant dans la country avec ce maudit banjo et exhalant une odeur de blues gémissant en invoquant le pardon des Cieux. Même dans le Gard, on connaît le swamp et celui de Harold Martinez cogne sous le caillou, des ambiances à faire fendre la pierre et les cœurs. Alors, il est où le problème ? Bin yen a pas, faut pas voir le mal partout, c'est juste que je ne tiens pas la distance. Neuf titres un peu trop redondant, avec des mélodies vocales (plaintives et légèrement chevrotantes) semblant se répéter à l'identique d'un morceau à l'autre, finissant par lasser un brin et une atmosphère générale larmoyante qui pèse sur le ciboulot. Mais ça n'enlève pas un sentiment diffus de plaisir et d'ensorcèlement suintant de certains morceaux sobrement sombres et touchants, ce qui fait qu'on surveillera attentivement la suite du Martinez.


Apostrophe interpelle. Ce n'est pas encore le pivot de la scène berlinoise mais le trio n'est pas loin de convaincre. Un hardcore hybride tirant autant vers le post-punk que le noise-rock allégé, voir un punk-rock à la Leatherface, somme de rencontres de trois personnalités, dans le carrefour cosmopolite de la capitale allemande, avec un anglais, un français et un allemand (quand même), chacun essayant de faire entendre sa voix. Et le chant, c'est souvent le problème. Les voix, souvent à deux, sont en avant, très en avant, comme des rugbymen qui vont s'en ramasser une à force de charger dans le tas comme ça et beugler comme des ânes parce que la musique a bien plus à donner. Un bon exemple, Music Box, instrumental de haute volée, alerte, percutant, fin alliage de noise et de math-rock coulant. Et les huit titres de ce premier album auto-titré (Chanmax records 2011) ont tous quelquechose à offrir. Et à souffrir aussi. Des accroches qui n'accouchent pas sur du fantastique (notamment Hollywood Movies, ballade pour cow-boy ayant trop écouté la FM américaine). De la vie derrière chaque titre mais qui n'arrive pas à conclure, des superbes enchainements guitare-section rythmique gâchés par un dribble de trop. Un je ne sais quoi qui manque, un poil d'ordre dans l'embrouille que le trio propose et l'injonction d'Apostrophe ne sera pas loin d'être parfaite.


Mais les mélanges, faut pas en abuser. La preuve avec le trio américain Caustic Casanova approuvant la phrase précédente avec Someday You Will Be Proven Correct, leur troisième album sur Mad Love records en 2011. On peut venir de Washington DC et faire autre chose que du Dischord records. On peut aussi faire de la musique qui en fout partout, un power rock trio tellement heavy qu'il en devient franchement lourd. Du solo de guitare, il y aura, des refrains fadasses et des sonorités écœurantes, tu t'en repaîtras. Des embardées vers le pop-punk, le hard-rock de compétition, tu ne rechigneras pas. Si au final, l'album parvient à tenir un équilibre instable, c'est parce qu'il se vautre dès le début et comme il est bien connu que pour ne pas retomber à terre, il faut mieux rester allonger, le Casanova Caustic ne tombe pas plus bas jusqu'au dernier des douze titres. M'étonne à moitié que J. Robbins, avec ses projets post-Jawbox, soit derrière ce truc libidineux.


Avec, entre autre, un ancien Fine China Superbone et Feverdream, on était en droit d'attendre à de l'équarrissage de tulipes dans les grandes largeurs. Organisms, groupe hollandais et leur premier album Rainbow Black + White (Scene Spirit 2012) ne représentent pas ce rayon de soleil. Ils ont beau mettre toute leur détermination de bataves devant la montée des eaux, lever un coin de ciel bleu sur des compos noires à la base, installer Alex Newport derrière la table de mixage, jongler à toute vitesse entre garage-rock et indie-rock endiablé, le farfisa finit par vous filer mal au crane et les dix titres passe-partout par se fracasser droit dans le mur, faute d'une boussole vous montrant le chemin. C'est magnifique l'énergie mais encore faut-il savoir quoi en faire.


Vous connaissez la différence entre Appaloosa et un tampax ? Appaloosa, c'est pour les trous du cul. Ce qui est bien avec cette blague d'un niveau élevé, c'est qu'elle marche avec tous les groupes que vous détestez. Défoulez-vous. Ou mettez le cinquième album des Italiens de Appaloosa, The Worst of Saturday Night, sous-titré Musica Per Energumeni Del Sabato Sera (Black Candy 2012) et dansez toute la nuit. Perso, j'adore parce que j'en suis un vrai.




On fait déjà moins les rigolos avec Mörse. Ce n'est pas une série laconique de points et de tirets que Mörse vous envoie mais une grosse patate en pleine tronche, bien ronde, bien chaude, un signal de détresse et de rage bien râpeux. Occasionnellement, Mörse est un nouveau groupe de Lille et ce loup sur la pochette, qui n'a pas dû bouffer du morse depuis longtemps, est leur premier cdep trois titres (Eastrain records 2012). C'est du punk-hardcore viril, roulé dans le crust, qui file droit et sans surenchères techniques. C'est beuglé en français mais ça serait en moldave que ça serait pareil. D'ailleurs, c'est toute la musique de Mörse qui pourrait venir de Moldavie, d'Allemagne ou de n'importe quel coin de la planète que ça serait pareil, partout où des hordes de zombies assoiffés pratiquent ce genre de punk-hardcore. Malgré le son impeccable et leur savoir-faire, les trois compos sont loin de sublimer le genre, restent peinards dans les clous et se révèlent finalement ordinaires. Mörse, une musique téléphonée.


Zhol, ça ressemble à Zeuhl, ça sent la rencontre cosmique et la mauvaise odeur du prog-rock repoussant des années 70. Autant dire que c'est avec les pincettes et le bout du bout des doigts que le CD est allé se faire voir dans le mange-disque. Et (hélas), Zohl ne m'a pas donné tort. Et (bizarrement), j'ai tenu le choc. Pas de nausée, pas envie d'aller courir écouter les Buzzcocks, les quatre titres de ce cdep (leur deuxième sur Ocinatas Industries) ont défilé sans sourciller. Ou presque. On sent bien que quelques disques de prog-rock, de vieux vinyles de branle-couilles ayant chopé l'acide de trop et/ou la grosse tête trainent à la maison. Mais sur l'étagère d'à coté, les disques de rock, de jazz qui dérouille ou de Zu ne sont pas là que pour la déco. Ca vous donne un mélange buvable, relativement succulent même parfois (j'avoue) mais si Zohl pouvait encore plus groover, resserrer le propos, arrêter les divagations interplanétaires, laisser refroidir le manche de la guitare, mettre un bon coup vicieux derrière la nuque et s'appeler mon oncle, j'accueillerais Zohl avec plaisir sur mes modestes étagères.

Restons dans le zouk. Le vrai, avec Ultra Zook et un ep se nommant Epuz, en auto-production semble-t-il, premier d'une série de trois. Là encore, ça sentait pas bon, un mauvais pressentiment, du Zeuhl qui se cache et des courants pas porteurs. Au final et cinq titres plus tard, ce sont surtout des chemins de traverses empruntés la tête à l'envers. Un trio dont la provenance géographique est aussi incertaine que leur musique. Quelquepart en France et des bruits bizarres issus d'un trio guitare/basse-claviers-batterie. Du Singe Blanc qui aurait bouffé du Devo (quand un groupe semble faire n'importe quoi avec un aspect retro-futuriste, il est toujours de bon ton de sortir de sa manche la carte Devo), des voix pitchées, trafiquées, une musique sans limite, le jeu de l'expérimentation et des assemblages louches, de la douce folie, le stress en plus. Je suis plutôt zouk béton que zouk love mais je demande à voir et à entendre pour les deux Eps suivants, cette musique du hasard pouvant parfois tomber du bon coté de la pièce.


L'electro punk, c'est le furoncle de la musique. Le truc qu'il faut éclater, là, tout de suite. Et The White Screamed Shout est d'une taille phénoménale. Italians do it better, c'est bien connu. Derrière ce groupe qui n'en est pas un se cache Jack Mostro, bête de foire, un punk 3.0 comme il déclare sans ambages, qui va révolutionner le monde sclérosé de la musique, armée d'une guitare violemment distordue (dixit toujours), de synthétiseurs futuristes, d'un tourbillon de rythmes electro qui ne feraient peur qu'à votre grand-mère légèrement incontinente et d'une philosophie de vie inspirée par Jean-Claude Van Damme. Ca vous donne le EP six titres The Birth (Ginotonico Productions 2012), le retour aux valeurs pures, les choses simples de la vie, la rencontre du hardcore, le vrai, de l'electro le plus kitsch jamais entendu bien au-delà des deux cotés des Alpes et de la techno d'Ibiza. Au moins Sigue Sigue Sputnik avait des tenues vestimentaires distrayantes. The White Screamed Shout, un groupe définitivement aware.


Apparemment, tout le monde ne lit pas les revendications de l'humeur massacrante. Sinon pg.lost et Sigma Octantis n'auraient pas pris la peine de poster respectivement les albums Key (Black Star Foundation 2012) et Disséminations (OPN 2012). Le post-rock dans toute sa splendeur et sa déchéance, Mogwai, Explosions in the Sky, tout ça. Les Suédois de pg.lost sont surement balèzes dans leur genre mais ce genre me parle autant qu'un pingouin sur la banquise. Bâillement.
Avec Sigma Octantis, la donne est subtilement différente. Déjà, un groupe, français de surcroit, qui tire son nom d'une étoile, faut s'attendre à de l'ésotérisme dans les grandes profondeurs, celles inaccessibles pour les non-initiés. Et il est juste de dire que je ne comprends pas grand-chose à Disséminations, troisième message d'une carrière obscure commencer par Invocations (2007) et Dislocations en 2009. Sigma Octantis, c'est le domaine du dark ambient, du new-age nappé de flatulences sonores, de l'electro tellement minimale qu'on attend désespérément que quelquechose se passe, d'un post-rock implosé de l'intérieur. Pour un bâillement tout aussi intense.


Mais alors, que dire de Robert Lepenik et son album Postepeno (God records 2012) ??!! Version snob, on dira que l'Autrichien Robert Lepenik, ex-guitariste de Fetish 69, groupe metal-hardcore-industriel à la fin des années 80, est enfin devenu un artiste au sens noble du terme. Inspiré par les collages d'un malade schizophrène aux alentours de 1890 et dont les travaux agrémentent la pochette, Lepenik en a tiré une œuvre bouleversante. Six compositions, une heure de plongée vertigineuse dans un cerveau torturé avec pour seuls ornements, des notes de pianos tombant au hasard comme la maladie sur nos
pauvres âmes défaites et des tonalités utilisant une seule même fréquence avec des modulations hyper minimales pour compatir avec tous ceux qui souffrent dans leur chair. Version moules de Bouchot, on dira qu'Arvo Pärt, à coté, c'est Napalm Death. Ces putains de sifflements niquent les tympans, tous les chiens du quartier ont cessé d'aboyer, un manchot en ferait autant au piano et l'Autriche n'a que ce qu'elle mérite. Un disque qui va être comme le suppositoire en restant dans les annales.


Enfin, je ne voudrais pas finir cette ode à l'inutile sans glisser un mot sur l'extraordinaire bienveillance d'un groupe : Kinski Elevator et son album They were […] in love (Music Unit 2011). Disque grand luxe avec pochette gatefold, vinyle trempé dans 180 grammes d'une solidité rassurante et, compris dans le lot, la même chose en version CD. Pas le vulgaire CDr jeté en pâture mais le vrai digipack tout confort. Et tout ça, ça un nom, c'est donné de la confiture aux cochons. Pas que ce disque soit débectant, loin de là (quoique sur quelques passages, je serre durement les fesses), mais leur mélange de jazz, de prog-rock, de pop biscornue, de langages aventureux où cohabitent Can, Zappa, Magma et autres dinosaures princiers de l'histoire du rock dont je me contrefous, n'éveille en moi que très peu d'émotions, pour rester poli, car j'ai de la déontologie, moi Monsieur, je ne dis jamais de mal de généreux donateurs.

Tête de Gondole (24/08/2012)

 

 



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Mastervoice instrument-transition
Crash Taste le tigre à 5 pattes
[P.U.T] like animals
Urine i love pipi
Seb & The Rhââ Dicks 7''
Les Pelvis Enragés Artaud a tort
Chocolate Pain bliss
Why I Must Be Careful honeycomb
Baylies Band all
clowns no lions
Harold Martinez birdmum
Apostrophe s/t
Caustic Casanova someday you will be proven correct
Organisms rainbow black + white
Appaloosa the worst of saturday night
Mörse s/t ep
Zhol ep2
Ultra Zook epuz
The White Screamed Shout the birth
pg.lost key
Sigma Octantis disséminations
Robert Lepenik postepeno
Kinski Elevator they were [...] in love