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<25|08|2012> Triste sire Un concerné n'étant pas qu'un imbécile encerclé (merci Pierrot), il faut se remettre dans le bain et sérieusement considéré - qui n'est pas forcément un abruti s'étonnant de tout - la pile de disques flasque et morne n'ayant pas bougé d'un pouce depuis des mois, sauf dans le sens vertical, à force d'empilement de médiocrité et de lassitude crasse. Avec des Syriens qui explosent des records olympiques de vitesse sous les balles de l'affairisme, Phil Collins qui n'est toujours pas mort et le dur chemin de la rentrée, comment ne pas être d'une humeur massacrante. Qui n'a jamais ressemblé à un gland avec des espadrilles ? C'est la honte ce truc, c'est moche et en plus ça daube alors quand une misérable pochette cousue main dans ce tissu honni avec un nom qui fait fourcher la langue - Espardillos - débarque à la maison, ça ne peut partir du bon pied. Coup de pompes qu'il s'appelle ce CD 100% auto-produit de la part d'un duo basse-batterie originaire d'un peu partout de la France mais semblant avoir fini par posé ses valises à Paris. Un duo qui a le coup de pompes rugueux, proche d'un vieux Sabot tchèque et à vrai dire, elle aurait tout pour me plaire cette paire. La basse envoie le gros grain, les cassures ne se départissent jamais d'un bon vieux groove montrant le chemin. Pas d'extrapolations inutiles, ça reste détendu de l'orteil tout en marquant son territoire d'une saturation et d'une rudesse ensoleillée. Mais c'est comme à la plage. Je m'emmerde assez rapidement. C'est bien joli tout ça mais c'est quand même bien plat. Convenu et sans la petite vague de folie qui nous sortirait de notre torpeur de vieux loup de mer. Il a beau recevoir, un peu partout dans les zines, des lauriers dont on ne tisse pas les espadrilles, j'attends toujours qu'Espardillos me mette un coup de pied au cul. Ca viendra peut-être en concert, un jour Par contre, un groupe qui ne me mettra jamais un coup de pied dans le fondement, c'est Mastervoice. Question de style. Le duo de Périgueux a beau être un duo batterie-basse, leur style n'est pas le noise-rock hystérique qui en fout partout mais fait irrémédiablement penser a un bon groupe de hardcore mélodique. C'est dégueulasse. Six nouveaux titres sous le nom de Instrument-Transition (Some Produkt, Kicking et Smalltones records 2012) faisant suite à Avalanche, premier album qui n'avait déjà pas provoqué une cascade d'euphorie. Mastervoice a en plus mis une bonne couche de vernis en allant enregistrer au Black Box avec Peter Deimel. C'est donc encore plus ample, plus nickel, plus rien ne dépasse. Après, si on arrive à dépasser le double chant mis en avant et aux mélodies de taulières de resto routiers, on peut déceler un brin de tension et de noirceur, quelques parties intéressantes comme sur Ink Blood ou le très apaisé Instrument qui a la très bonne idée de réduire les voix au silence. Pour le reste, Mastervoice aboie, la caravane passe. C'est la première fois que j'ai du débourser de l'argent pour retirer un disque chez notre charmante Poste nationale, un expéditeur indélicat et anonyme n'ayant pas assez affranchi son courrier. Les temps sont durs. Quand j'ai vu que c'était un disque de Crash Taste, j'ai tout de suite regretté mes 1€80. Les temps sont durs. Pour tout le monde. J'avais le souvenir (assez vague il est vrai) d'un groupe de punk-rock mélodique en provenance de Poitiers. Pour Poitiers, la mémoire est bonne. Pour punk-rock mélodique, beaucoup moins. Ou alors si mais pas façon (feu) Seven Hate à roulettes dont un membre sévit dans Crash Taste mais lorgnant plus vers Washington DC, l'écurie Dischord ou Jawbox, avec un minimum d'angulosité et ne donnant pas envie de sauter immédiatement sur un skate pour emmerder le brave passant. Le Tigre à 5 Pattes (Sicksack records 2012) est leur nouvel album après un paquet d'années de silence et s'avère franchement moins pénible que l'instant où l'enveloppe s'est déchirée pour laisser apparaître ce putain de digipack avec un artwork signé Tanxxx. Après, ça reste encore une histoire de style mais Le Tigre à 5 Pattes comporte suffisamment de mélodies accrocheuses et bancales, de petits défauts qui en font tout le sel, d'honnêteté et d'aspérités pour ne pas (trop) regretter ces 1€80. Le langage de [P.U.T] me parle déjà plus. Un vieux langage de metal, de punk, d'indus, de noise, de machines et de bruits rampants luttant contre l'épaisseur des guitares/basse, d'une boite à rythme comme on n'en fait plus contre des voix belliqueuses, voir d'outre-tombe (hélas), une vie comme des bêtes après la bombe, la grosse, et un sac d'os qu'on a connu plus en forme. Like Animals (Pogo, Dismember records 2012), c'est le retour dans les années 90, cinquième album d'un duo de frangins écartelé entre Paris et Bruxelles, toujours dans la zone d'ombre et continuant vaille que vaille à poursuivre cet idéal de sonorités qu'ils ont dans la tête depuis des lustres. Ils n'en démordent pas, ça un gout d'anciens dans la bouche, de Godflesh, de Pore, de Hint, de Kill The Thrill ou de Binaire en mode metal. Un gout de répétitions, lacérations, sirènes dans le lointain, d'usines, de centrales nucléaires. C'est tellement ancré dans le noir et le sordide que ça ne décolle jamais. Malgré les sons qui me plaisent, les compos de [P.U.T] ont toujours été trop académiques, trop convenus, la boite à rythme est tristement programmée et Like Animals, comme leurs précédents disques, a un gout d'inachevé et de gâchis. Finalement, le langage de [P.U.T] ne me parle pas (plus) trop. Restons dans le monde de la poésie avec Urine et leur album I Love Pipi. Au moins, ça le mérite de parler à tout le monde, esprit scatologique ou pas. Urine, ça ressemble à une cours de récré, un défouloir voir une pissotière pour trois membres du beaucoup plus sérieux Lab° dont un membre (Dylan Bendall) sévissait aussi dans Schoolbusdriver (quoiqu'il faille (faillu) utiliser à nouveau le présent puisque Schoolbusdriver vient d'annoncer sa reformation). Cependant, I Love Pipi n'est pas un disque merdique comme on aurait pu le croire. Certes, pas de quoi pisser dans un violon mais ça a le charme d'un sympathique concours entre potes avinés à qui pissera le plus loin (ménage ses chaussures). Ça pisse en cadence (21 morceaux en 24 minutes) des ritournelles punks dont le timbre de voix de Bendall rappelle encore et toujours celui de Jello Biafra. Ca se pisse en sifflotant avec moultes bourrades dans les cotes, ça se pogote gentiment, ça arrose les plates-bandes des Clash (Leisure Time), des Pogues (What a lovely teapot), ça se pisse aussi parfois dessus, du punk 77 en mode alternatif franchouillard 80's évité d'extrême justesse, je passe mon tour. Plus généralement, Urine pisse à la raie de tous les pisse-froid. Continuons sur le registre humour & chanson avec le gai-luron de la chanson française, Séb Radix, animateur social chez Kabu Ki Buddah, despote éclairé du zine Joie de Vivre et Nouille en Salade et du conglomérat Rock'n'Roll Masturbation, label qui vient de sortir avec les multinationales de l'artichaut, Pure Pain Sugar et Echo Canyon records, son projet solo sous le nom lamentable de Seb & The Rhââ Dicks, cette famille de brassicacées (bras cassés ?) étant composée de Pedro de la Hoya à la batterie et Nod Off à la guitare. Bon, je crois que j'ai tout dit parce que pour le reste, Séb Radix le dit mieux que quiconque (donkey) avec des sous-titres explicatifs en-dessous de chaque titre sur ce 45 tours tournant en 33. "Rock engagé" pour Do you (really) want to live in Switzerland ?, du "punk-rock" (pas de base) pour Johnny Weissmuller, du "rock" (pas de base) pour 35, de la "pop rythmée" (de crooner) pour Zob Scene et une "ballade rock FM" pour You're my Milf qui n'a rien de bandante. Bref, la déconnade et le huitième degré sont une seconde nature pour Séb Radix mais ça me donne autant envie que le gâteau bleu saupoudré de mégots de cigarettes posant pour la pochette. Autre
troubadour à l'humeur désinvolte, Les
Pelvis Enragés. Il
était ma sur possédait ce trouble indicible
et une sexualité incertaine. Artaud a Tort, leur nouvelle
production, ne réitère pas ce trouble et c'est la folie
qui est incertaine. On retrouve ce chant, cette logorrhée verbale
incompréhensible bien que chaque mot soit distinctivement audible.
La forte présente des synthés est toujours d'actualité
pendant que le couple guitare, batterie fait ce qu'il peut pour participer
au débat, c'est-à-dire pas grand-chose sauf pour tartiner
des plans prog-rock comme sur le début de Mona Lisa. La
seule nouveauté, c'est un accordéon sur deux titres (yen
a quatre en tout) mais son apport n'a rien de prépondérant.
Bref, ça suinte pas le bonheur et si c'est la folie qui était
visée, elle est laborieuse et se perd dans les méandres
de compositions sans issue.
Restons
dans le zouk. Le vrai, avec Ultra
Zook et un ep se nommant Epuz, en auto-production semble-t-il,
premier d'une série de trois. Là encore, ça sentait
pas bon, un mauvais pressentiment, du Zeuhl qui se cache et des courants
pas porteurs. Au final et cinq titres plus tard, ce sont surtout des
chemins de traverses empruntés la tête à l'envers.
Un trio dont la provenance géographique est aussi incertaine
que leur musique. Quelquepart en France et des bruits bizarres issus
d'un trio guitare/basse-claviers-batterie. Du Singe Blanc qui aurait
bouffé du Devo (quand un groupe semble faire n'importe quoi avec
un aspect retro-futuriste, il est toujours de bon ton de sortir de sa
manche la carte Devo), des voix pitchées, trafiquées,
une musique sans limite, le jeu de l'expérimentation et des assemblages
louches, de la douce folie, le stress en plus. Je suis plutôt
zouk béton que zouk love mais je demande à voir et à
entendre pour les deux Eps suivants, cette musique du hasard pouvant
parfois tomber du bon coté de la pièce. L'electro
punk, c'est le furoncle de la musique. Le truc qu'il faut éclater,
là, tout de suite. Et The
White Screamed Shout est d'une taille phénoménale.
Italians do it better, c'est bien connu. Derrière ce groupe qui
n'en est pas un se cache Jack Mostro, bête de foire, un punk
3.0 comme il déclare sans ambages, qui va révolutionner
le monde sclérosé de la musique, armée d'une guitare
violemment distordue (dixit toujours), de synthétiseurs futuristes,
d'un tourbillon de rythmes electro qui ne feraient peur qu'à
votre grand-mère légèrement incontinente et d'une
philosophie de vie inspirée par Jean-Claude Van Damme. Ca vous
donne le EP six titres The Birth (Ginotonico
Productions 2012), le retour aux valeurs pures, les choses simples
de la vie, la rencontre du hardcore, le vrai, de l'electro le plus kitsch
jamais entendu bien au-delà des deux cotés des Alpes et
de la techno d'Ibiza. Au moins Sigue Sigue Sputnik avait des tenues
vestimentaires distrayantes. The White Screamed Shout, un groupe définitivement
aware.
Mais
alors, que dire de Robert
Lepenik et son album Postepeno (God
records 2012) ??!! Version snob, on dira que l'Autrichien Robert Lepenik,
ex-guitariste de Fetish 69, groupe metal-hardcore-industriel à
la fin des années 80, est enfin devenu un artiste au sens noble
du terme. Inspiré par les collages d'un malade schizophrène
aux alentours de 1890 et dont les travaux agrémentent la pochette,
Lepenik en a tiré une uvre bouleversante. Six compositions,
une heure de plongée vertigineuse dans un cerveau torturé
avec pour seuls ornements, des notes de pianos tombant au hasard comme
la maladie sur nos Enfin, je ne voudrais pas finir cette ode à l'inutile sans glisser un mot sur l'extraordinaire bienveillance d'un groupe : Kinski Elevator et son album They were [ ] in love (Music Unit 2011). Disque grand luxe avec pochette gatefold, vinyle trempé dans 180 grammes d'une solidité rassurante et, compris dans le lot, la même chose en version CD. Pas le vulgaire CDr jeté en pâture mais le vrai digipack tout confort. Et tout ça, ça un nom, c'est donné de la confiture aux cochons. Pas que ce disque soit débectant, loin de là (quoique sur quelques passages, je serre durement les fesses), mais leur mélange de jazz, de prog-rock, de pop biscornue, de langages aventureux où cohabitent Can, Zappa, Magma et autres dinosaures princiers de l'histoire du rock dont je me contrefous, n'éveille en moi que très peu d'émotions, pour rester poli, car j'ai de la déontologie, moi Monsieur, je ne dis jamais de mal de généreux donateurs. Tête de Gondole (24/08/2012) |
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