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Whispering Sons
The Great Calm – LP
PIAS records 2024

Bagnole cramée, plastique fondu, pochette rebutante, The Great Calm mais après bien des tempêtes. Ça commence par un jeu des chaises musicales mais personne ne reste sur le carreau. Le batteur Sam Pelsmaekers passe aux synthés et est remplacé par le bassiste Tuur Vandeborne et Bert Vliegen, l’habituel producteur de Whispering Sons, devient bassiste tout en continuant à produire le groupe. Quant à Kobe Lijnen (guitares, piano) et Fenne Kuppens (chant), ils restent les locomotives du groupe pour l’écriture de la musique et des paroles.
Réorganisation interne ne signifie pas nouvelle orientation musicale. Le troisième album des Belges se situe sur la lancée de Several Others. Tout en étoffant son offre. L’entreprise Whispering Sons ne connaît pas la crise. Et de limite à son inspiration toujours aiguë. En se détachant des figures tutélaires qui ont formé son socle. Le murmure prend son envol. S’ouvre à des climats plus variés, plus riches, plus arrangés. S’ouvre à des sentiments intimes exposés aux regards extérieurs. Cherche des chemins inédits ne devant plus rien à personne, continuer à s’accomplir. Trouver la paix intérieure, ce fameux grand calme que t’auras pas assez d’une vie pour le trouver. Le faut-il d’ailleurs ?
Intense, sombre, urgent, Whispering Sons l’est toujours. Avec une infinie classe et précision, une guitare orfèvre pour trouver la mélodie qui tue autant qu’elle illumine et une rythmique tendue qui claque comme un fouet sur la glace ou plus simplement débarrassé de tout superflu et t’entraîne jusqu’à la chute. Collection de compos imparables et virevoltantes, mélancoliquement énergiques, vibrantes et graves en sachant aller à l’essentiel malgré les nombreux arrangements qui les parsèment. Des titres aussi plus durs (Try Me Gain), bruyant et proche du chaos (Poor Girl) ou, beaucoup plus inattendu car enjoué et sautillant avec l’incongru The Talker finissant par trouver sa place. Tout comme les morceaux plus apaisés où guitares et rythmiques sont mises en veille au profit d’un piano majoritaire, d’effets électroniques et de la voix androgyne de Fenne Kuppens. Ses intonations, ses palpitations, son expression en générale se dévoilent, touchent encore plus profondément au fur et à mesure où elle se met à nue avec une grande sobriété (Oceanic), la poésie de ses mots pouvant presque s’effacer derrière son grain incomparable, la façon de les dire, le souffle et toute l’émotion qu’elle y met. Une composante forte d’un groupe ne manquant déjà pas d’atouts et réalisant avec The Great Calm, une magnifique tempête à lui tout seul qui vous ébranle sans coup férir.

SKX (29/04/2024)